A l’heure où le débat s’enflamme, la Platform Pentagone ose encore croire qu’un retour au bon sens et au respect
de la légalité reste possible…
Dans ce dossier aux allures de saga, les nombreux appels au dialogue et les signaux d’alerte sont, jusqu’ici, restés vains : l’absence d’études d’incidences, pour définir le projet en amont, et celle d’un véritable processus de concertation jugés d’emblée inutiles par la Ville de Bruxelles, lui vaut aujourd’hui de devoir faire face à une fronde croissante. Souvent désordonnée et pas toujours lisible dans ses objectifs, cette bronca révèle cependant l’ampleur des dégâts déjà profonds de ce projet bâclé, imposé aux forceps, aussi bien dans le cœur des Bruxellois que dans les poumons de ceux qui vivent ou travaillent autour du piétonnier.
Bien qu’opposée à la méthodologie peu transparente de la Ville et au modèle de piétonnier choisi, la Platform Pentagone a toujours soutenu la réduction de la pression automobile et l’amélioration du cadre de vie dans l’ensemble du centre-ville.
La Platform Pentagone réclame à la Ville de Bruxelles, depuis plus d’un an, une réelle concertation sur les fondements et enjeux du projet de piétonnier ; en vain… C’est pourquoi, dans la continuité du recours introduit en février 2015 contre le Plan de circulation du Pentagone (qui induit le projet de réaménagement des boulevards), des associations et habitants du centre-ville, membres de la Platform Pentagone, ont décidé d’introduire un nouveau recours devant le Conseil d’État contre le permis d’urbanisme relatif à l’aménagement du piétonnier pour réclamer l’analyse de scénarios alternatifs, conformément au droit européen.
Étudier les incidences d’un projet d’une telle ampleur urbanistique est indispensable à son élaboration et conditionne sa réussite.
Cela permet de définir précisément et préalablement les enjeux et objectifs du projet et de construire et évaluer, en fonction de ces derniers, différents scénarios pour n’en retenir que le plus pertinent. Le débat public sur l’opportunité du projet choisi en ressortirait plus serein, les opinions moins binaires et davantage fondées sur l’argumentation que sur les émotions, les décisions, plus pertinentes. La situation actuelle, hélas, n’engendre que clivages et crispations : les citoyens bruxellois méritent mieux !
Au lieu de suivre cette méthodologie, la Ville opère un détricotage du projet au profit des voitures et au détriment de la santé.
La Ville de Bruxelles a cru bon de faire l’impasse (illégalement) sur l’étape essentielle de l’analyse comparative de scénarios. Les mesures erratiques, prises face à l’accumulation d’effets pervers de son plan mal pensé, déplacent les problèmes mais n’améliorent pas la qualité de l’air et le cadre de vie autour du piétonnier.
À son chevet, la Région l’assiste par une campagne médiatique d’un autre âge, vantant l’accès du centre-ville en voiture, carte des parkings à l’appui (14.574 places dans le Pentagone).
« Sur le piétonnier, l’air est plus pur » aurait dit La Palice…
Mais le paradoxe de ce piétonnier et de ses conséquences, c’est que malgré la diminution incontestable du nombre total de véhicules dans le Pentagone, de nombreuses petites rues autour du piétonnier, dans la partie Ouest surtout, sont littéralement et régulièrement congestionnées.
Pourtant, jusqu’ici, l’unique priorité de la Ville, par le biais de Bruxelles-Environnement, a été de procéder à des mesures de qualité de l’air sur le piétonnier lui-même et d’en étendre les conclusions, assez malhonnêtement, à l’ensemble du Pentagone.
Il faut le rappeler, la pollution par le trafic pourrait être responsable de 2400 décès par an dans notre pays. L’enthousiasme, compréhensible et de bonne foi, de défenseurs de ce méga-piétonnier, ne peut primer sur le danger auquel sont d’ores et déjà exposés, depuis des mois, les habitants des quartiers situés tout autour.
La Platform demande à la Ville/Région/Bruxelles-Environnement que des mesures de la qualité de l’air soient réalisées d’urgence dans les rues et quartiers autour du piétonnier : c’est une question de santé publique !
En conclusion
Il faut revoir le projet dans ses fondements, pour lui conférer des bases urbanistiques et juridiques solides et favoriser, démocratiquement, une adhésion au projet. C’est seulement à cette condition qu’un projet véritablement fédérateur pourra se développer et répondre aux attentes des habitants, travailleurs, commerçants et autres usagers qui, tous, souhaitent l’amélioration de la qualité de vie dans le centre-ville.
Ce n’est qu’en suivant les règles que l’on pourra sortir de l’impasse dans laquelle ce piétonnier s’est fourvoyé et qu’un aménagement futur ne suffira pas à sauver : la plus belle décoration intérieure d’une maison ne l’empêchera pas de s’effondrer si elle est construite sans fondations, ni poutres, ni charpente…
Dans le cadre d’un étude d’incidences, |
|