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Commission de concertation : APPEL A UNE ETUDE D’INCIDENCES

COMMUNIQUE DE PRESSE

Piétonnier de Bruxelles centre

Enquête publique et commission de concertation du mercredi 14 octobre

APPEL A UNE ETUDE D’INCIDENCES

La commission de concertation de Bruxelles-Ville, convoquée le 14 octobre au sujet du piétonnier se déroulera au théâtre du « Grand Casino Brussels Viage », boulevard Anspach 30. En effet, la salle habituelle est trop petite pour accueillir le très grand nombre de personnes qui ont manifesté leur souhait d’être entendues.

Parmi les avis écrits connus, beaucoup témoignent, quartier par quartier, des impacts et des nuisances vécus depuis fin juin autour du piétonnier et du mini-ring. Beaucoup plaident également pour une véritable étude d’incidences, scientifique et objective, qui prenne en compte les réalités des quartiers alentour, en ce compris les réalités sociales et commerciales.

Par ailleurs, la pétition « Non à un piétonnier mal pensé, oui à un centre ville habitable » a obtenu plus de 5.000 signatures (4.765 en ligne et presque 900 sur papier).

La Platform Pentagone demande la révision du plan de circulation et du plan de piétonnisation ainsi qu’une étude d’incidences portant sur l’ensemble du programme du Collège des Bourgmestre et Echevins, sans faux-fuyants.

L’enquête publique aurait pu constituer enfin une occasion de véritable participation de nombreux intéressés sur l’ensemble du programme des autorités de la Ville : habitants, commerçants, usagers, travailleurs, cyclistes, personnes à mobilité réduite, personnes âgées, clients comme habitants,…

Cependant, ce n’est pas le cas car le périmètre des projets soumis à enquête a été volontairement restreint et ne tient pas compte de ses incidences sur notre environnement urbain :

  • Les demandes de permis ne concernent que l’aménagement intérieur du périmètre choisi : partage fonctionnaliste des zones, bancs, arbres, matériaux, lumières, etc.;

  • les rapports d’incidences n’envisagent aucun impact au-delà des murs des boulevards;

  • le plan de circulation entré en vigueur le 29 juin 2015 est entériné alors qu’il est réputé en phase de test jusqu’en mars 2016 et qu’il n’a jamais fait l’objet ni d’une étude d’incidences ni d’une enquête publique;

  • les dossiers sont fractionnés alors que les demandes de permis actuelles et d’autres annoncées (temple de la bière, rénovation du Centre Monnaie, aménagement des stations de prémétro De Brouckère et Bourse, ….. ) ainsi que le plan de circulation font indubitablement partie d’un PROGRAMME GLOBAL de requalification urbaine du Centre-Ville de Bruxelles;

  • les études concernant l’impact sur l’être humain et la santé, la qualité de l’air, le bruit, et l’impact socio-économique sont presque inexistantes; aucune mesure scientifique n’a été réalisée là où c’était possible (comptages de voitures, mesures de bruit et des polluants atmosphériques).

La Platform Pentagone veut rendre davantage d’espace public du centre de notre ville aux piétons et aux cyclistes, mais pas au prix de l’improvisation, du détournement des procédures administratives et de la négation du débat public contradictoire. Elle constate et déplore la dégradation des transports publics, particulièrement en surface, plaide au contraire pour qu’ils soient renforcés et s’oppose à la construction de parkings supplémentaires en l’absence de toute donnée chiffrée. Ce grand projet de ville concerne directement les habitants, commerçants, travailleurs et usagers du centre-ville avant les festivaliers et les touristes qu’on appelle à s’y rendre en masse.

Il existe, pour ce faire, un instrument légal et obligatoire offrant de nombreuses garanties : l’étude d’incidences prévue par le droit européen de l’environnement et par les articles 128 à 141 du Code Bruxellois d’Aménagement du Territoire.

La Platform Pentagone appelle la commission de concertation à recommander au gouvernement de la Région une étude d’incidences accompagnée d’une enquête publique sur l’ensemble de la zone concernée, en ce compris son impact sur la petite ceinture (et non pas seulement sur l’aménagement de la zone piétonne). Cette étude devra aussi étudier des scénarios alternatifs à l’option choisie par la Ville de Bruxelles, celle d’un modèle des années 70 expérimenté ailleurs en Europe et abandonné compte tenu de ses inconvénients.

LA PETITION

NOTRE CHARTE




Enquête publique sur le piétonnier – Mode d’emploi

La Commission de concertation a rendu son avis, deux jours à peine après la réunion qui a eu lieu au Casino du boulevard Anspach en présence de quelque 200 personnes. Malgré les 305 réactions à l’enquête publique (dont certaines étaient signées par plusieurs dizaines d’habitants ou de  commerçants), pointant du doigt l’absence d’étude d’incidences et de concertation, malgré un recours pendant au Conseil d’Etat pour les mêmes motifs, la commission de concertation a rendu un avis favorable unanime. Sans surprise, le permis a été accordé début janvier 2016.

L’enquête publique sur le piétonnier s’est clôturée le 2 octobre à minuit.
Bravo à tous pour vos contributions !

enquête

Envoyez vos observations et réclamations par écrit au Collège des Bourgmestre et Echevins, à l’adresse suivante.

  • Secrétariat de la Commission de concertation :
    Département Urbanisme de la Ville de Bruxelles
    Boulevard Anspach, 6 à 1000 Bruxelles

Date limite : vendredi 02/10/2015

Date de la commission de concertation: 14 octobre 2015 (heure à déterminer).
Si vous souhaitez être entendu lors de cette commission de concertation, il y a lieu de le mentionner dans votre courrier.

Référence des dossiers :

PU-B918/2015 – Place de la Bourse et alentours
PU-D928/2015  – Place de Brouckère, Boulevard Anspach et alentours

NB : La mise à l’enquête de deux dossiers s’explique par le fait que la Bourse et ses alentours font partie de la « Zone Unesco ». Il faut donc faire référence aux deux dossiers dans le courrier que vous adressez à la Ville.

Bien qu’elles soient limitées au strict périmètre du piétonnier et qu’elles n’aient été précédées d’aucune étude d’incidences (pourtant obligatoires), ces enquêtes sont l’occasion d’acter vos remarques et de faire entendre en quoi ce piétonnier a modifié votre quotidien, que vous soyez habitant, commerçant, travailleur/usager régulier du piétonnier ou du centre-ville en général.

Attention, il ne s’agit pas d’envoyer à la commission de concertation urbanistique toutes vos plaintes concernant le passé de la phase test en été. La commission de concertation n’est pas compétente pour les traiter.

Mais vous pouvez faire état de votre expérience concernant la phase-test pour demander :

  • des modifications,
  • une étude d’incidences (= une analyse approfondie) sur tous les effets du plan de la Ville de Bruxelles au-delà du périmètre des boulevards eux-mêmes (en ce compris le plan de circulation).

Voici quelques exemples de points sur lesquels vos remarques et réclamations peuvent porter :

  • Mobilité 

    • Accessibilité du centre-ville en transports en commun et modes de transport actifs,

    • Augmentation du trafic autour du piétonnier, répercussions éventuelles sur la manière de conduire des automobilistes,

    • Zones cyclables sur et autour du piétonnier : aspects positifs/négatifs,

    • Modifications observées de la circulation à proximité des écoles, etc.

  • Parkings supplémentaires

    • La construction de quatre nouveaux parkings est-elle toujours justifiée ?

    • Demande de données chiffrées pour objectiver les besoins (taux de fréquentation des parkings existants).

  • Qualité de l’air

    • Sur le piétonnier, amélioration de la qualité de l’air : bien sûr (!) mais autour, quels constats ?

  • Pollution sonore et vibratoire

    • Nuisances diurnes/nocturnes sur le piétonnier,

    • Nuisances autour du piétonnier : augmentation des coups klaxons, stress, etc.

  • Commerces

    • Fréquentation/chiffre d’affaires/échos des client,

    • Ouverture des magasins le dimanche (opération « I shop on Sundays ») : constats, critiques.
  • Qualité de vie en général

    • Evolution positive ou négative de votre quotidien, sur le piétonnier ou autour, en fonction de votre âge, de votre situation personnelle, de l’endroit où se situe votre logement, si vous êtes une personne à mobilité réduite, etc.

Vous pouvez également trouver des arguments en consultant notre charte ainsi que les sources citées en fin d’article.

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Concernant le piétonnier, son aménagement actuel est appelé à disparaître au profit du projet soumis à l’enquête publique. En voici les grandes lignes, telles que précisées dans le rapport d’incidences (page 94, point 4.4).

  1. Zone centrale ou « zone de passage » : + ou – 6 m de large = zone de partage pour les piétons, les cyclistes, les rollers + livraisons et circulation motorisée autorisée.

NB : Autrement dit, un espace partagé où pourront circuler tous les types de véhicules bénéficiant d’une autorisation (taxis, riverains en voiture ou à moto, convois exceptionnels, etc).

  1. Deux zones de séjour le long de la zone de passage : arbres, plantations, mobilier urbain, (poteaux d’éclairage, poubelles, bancs, signalisations,…) mais aussi accès au métro et terrasses. Objectif : libérer le reste de la voirie de tout obstacle.

NB : Disparition des tables de pique-nique, pistes de pétanque et autres aménagements du piétonnier d’été. Seules les terrasses commerciales y auront leur place.

  1. « Zone de flanage » entre la zone de séjour et les façades. Pour les promeneurs et les clients des magasins. Libre d’obstacles sauf sur les places où il peut y avoir des terrasses.

NB : Dans son Programme de politique générale 2012-2018 (page 26), le Collège de la Ville de Bruxelles introduisait déjà cette notion de « flanage » : « Concevoir, tester et valider le concept « Flâner la ville » se fondant sur une promenade joignant les commerces relevant d’un même thème commercial ou d’un même concept. » Flâner, ici, est donc clairement synonyme de « faire du shopping »…

Lors de l’inauguration du piétonnier, la Ville de Bruxelles a beaucoup insisté sur la «réappropriation de l’espace public par le citoyen. » L’aménagement d’été du piétonnier a effectivement donné lieu à de belles rencontres et de belles expériences en ce sens. Auront-elles encore leur place dans le découpage en trois zones, telles que reprises ci-dessus ? Si le sujet vous inspire, n’hésitez pas à l’aborder dans vos commentaires.

A vos plumes ou à vos claviers !

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 TOUS LES DOCUMENTS RELATIFS À L’ENQUÊTE PUBLIQUE SONT CONSULTABLES
SUR LE SITE DE LA PLATFORM PENTAGONE

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LA PÉTITION




Piétonnier et concertation zappée : le retour de manivelle

Durant les semaines qui ont précédé la mise en oeuvre du piétonnier, la Ville de Bruxelles a largement communiqué sur la qualité de vie et la réappropriation de l’espace public par les Bruxellois. Après bientôt deux mois de phase-test, où en est-on et que nous réserve la suite ?

Article paru dans le n° 277 de Bruxelles en Mouvement (Inter-Environnement Bruxelles)

MiracolyDans sa version estivale aux allures hybrides de plaine de jeux et d’aire de repos d’autoroute, le « plus grand piétonnier d’Europe » aura drainé, depuis fin juin, un public assez large, souvent jeune et populaire, venu profiter des activités récréatives et sportives qui ont agrémenté les premières semaines d’existence de la nouvelle attraction du centre-ville.

Depuis des semaines, médias et réseaux sociaux relaient abondamment, d’une part, l’enthousiasme, sinon l’émotion devant le spectacle de l’espace public réinvesti par les citoyens, attribuant bons points et coups de chapeau à ces élus qui ont osé « Changer la Ville pour changer la vie ». Une révolution des mentalités est en marche : distribution de bonnets d’âne aux râleurs professionnels et autres réactionnaires aigris !

Mais les médias et les réseaux sociaux relaient tout autant, sinon plus, photos et vidéos aux allures de grosse gueule de bois (ou de lendemain de victoire des Diables rouges), sources d’interminables discussions sur la propreté et la sécurité du piétonnier.

Au-delà de ces débats enflammés, les questions de fond se fraient peu à peu un chemin qui dépasse largement la limite des 50 hectares du piétonnier lui-même…

A place to be or a place to live ?

Avant qu’il soit mis en oeuvre, plusieurs voix s’étaient élevées, notamment via la Platform Pentagone, pour mettre en garde contre son côté « attraction incontournable » et ses probables effets pervers. Plus les jours passent, plus il se confirme qu’il s’agit bien de créer « a place to be » plutôt que de développer « a place to live ». À tel point que, même dans les rangs des plus enthousiastes défenseurs des premières heures du piétonnier, on commence à se poser des questions…

Plus il y a d’événements, mieux c’est !

Il y eut d’abord les déclarations de Philippe Close sur la possible concurrence entre Bruxelles les Bains et le piétonnier : « Je ne pense pas que cela fera double emploi. Nous avons fait le pari d’un Bruxelles qui n’arrête jamais et où il se passe tout le temps des choses. Plus il y a d’événements, mieux c’est ! L’idée, c’est qu’il y ait toujours quelque chose à faire à Bruxelles ». C’est bien connu, « il se passe toujours quelque chose aux Galeries Lafayette » et les chefs de rayons de la Ville de Bruxelles ne se sentent plus. L’apothéose de cette mutation sera sans conteste l’ouverture du futur Beer Palace, à l’automne 2018. En octobre, diront les mauvaises langues…

Zot Day

Ensuite, on nous annonça que le 16 septembre se tiendrait un nouvel événement baptisé le Zot Day, dédié aux sports extrêmes, au cours duquel les Red Bull X-Fighters et quatre pilotes de motocross freestyle décolleront à plus de 10 mètres de hauteur sur une piste de 80 mètres de longueur. Diantre ! Du motocross sur un piétonnier et sponsorisé par une marque de boisson énergisante aux propriétés contestées. La Ville n’y trouve rien à redire…

Privatisation de l’espace public et tourisme irresponsable

Par une belle journée de fin juillet, tout le quartier de la Bourse se mit à trembler pour le plus grand plaisir des festivaliers de Tomorrrowland qui « profitaient de leur pass pour goûter à nos pils et à nos frites » … qu’ils étaient les seuls à pouvoir consommer grâce à leur entrée. Ces early birds venus des quatre coins de la planète à grand renfort de kérosène furent même qualifiés de leaders d’opinion par Philippe Close. Voilà donc le tourisme irresponsable d’une jeunesse dorée élevé au rang d’opinion !

Et les récents contrats signés avec des tour-operators chinois ne rassurent pas davantage : la Ville de Bruxelles fonce bille en tête sur la pente savonneuse d’un tourisme de masse et festif aux effets pervers nombreux et rapidement ingérables.

Ne pas dépasser !

Dans la lignée de ce benchmarking, à un jet de pierre du piétonnier, sur la place Sainte Catherine, on cause aussi « espace public » ! La Ville y a donné l’autorisation d’installer des terrasses de restaurants et fait supprimer les bancs publics : « Des gens étaient là toute la journée à ne rien faire et à boire, il fallait que ça cesse. » (Marion Lemesre).

L’échevine du Commerce renvoie ceux qui cherchent un terrain de jeu vers d’autres espaces tels le nouveau piétonnier. Jouer : ici. S’asseoir, là. Défense de ne pas consommer. Voilà donc le projet de société supposé « Changer la Ville » se muer en alibi parfait pour cloisonner ce que l’on peut (doit) faire, où, quand, comment.

Et demain ?

N’en doutons pas, le sujet est loin d’être clos et les positions, loin d’être figées. Chaque jour, des lignes bougent et le retour de vacances les feront bouger encore : on n’a même pas abordé ici la question de la mobilité, de la dégradation de l’offre des transports en commun, des parkings,…

Mais chaque jour se précise aussi ce qui est sans doute la source des fausses notes de ce projet : le manque de véritable concertation en amont de sa mise en place. Yvan Mayeur a beau marteler qu’il y a eu plus de 150 rencontres – si tant est qu’elles aient vraiment eut lieu – ce qu’il en décrivait récemment sur les ondes de la RTBF en dévoile, en réalité, toute la faiblesse : « Nous avons rencontré des comités de quartier, par exemple, Saint-Jacques et Saint-Géry, leurs demandes sont totalement contradictoires.»

Ce que le bourgmestre semble oublier, voire tout simplement ignorer, c’est que la concertation, ce n’est pas rencontrer des citoyens ou des associations une par une, satisfaisant les uns, parce qu’ils cadrent dans le projet fantasmé de la Ville, reconduisant poliment les autres, bredouilles, vers la sortie.

C’est, au contraire, tenter, par la discussion entre tous les acteurs concernés, dont les réalités sont différentes mais pas forcément inconciliables, de définir des enjeux communs afin qu’une idée couchée sur papier devienne un réel « projet de société » et pour que « Changer la Ville pour changer la vie » ne reste pas que le slogan d’une campagne publicitaire bien orchestrée, fût-elle électorale…

Qui aura le courage de relever le gant avant qu’il ne soit trop tard pour répondre à cette question qui nous brûle les lèvres : Changer la ville, oui, mais pour qui ?

Bruxelles, le 7 août 2015
Isabelle Marchal, habitante de la Place du Nouveau Marché aux Grains,
membre de la Platform Pentagone




Parking 58 – Permis recalé et confirmation : INTERPARKING n’aime pas communiquer ses chiffres…

Le 3 mars 2015, le Comité de défense des habitants de Bruxelles-centre (Comitebru 1000), membre de la Platform Pentagone, avait introduit un recours auprès du Collège d’Environnement contre le permis d’environnement octroyé par l’IBGE pour, notamment, l’exploitation d’un parking couvert de 847  emplacements pour véhicules motorisés.

Principale argumentation : « L’étude d’incidences n’a pas tenu compte du projet de la Ville de Bruxelles d’aménager une zone piétonne et un « mini-ring » à proximité immédiate ».

 

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Le Collège  d’Environnement a suivi cette argumentation et a refusé d’octroyer le permis d’environnement.

 « La Commission demande plus d’informations pour étayer la nécessité de construire de nouveaux parkings. Par exemple, quel est le taux d’occupation des parkings existants, ou comment a été évalué le besoin en parkings dans les quartiers retenus (inventaire) ? Une telle option est-elle compatible avec les objectifs de réduction du trafic automobile ?

La Commission demande d’étudier l’impact des nouveaux parkings sur la circulation dans le Centre, notamment pour s’assurer qu’ils participent à la diminution de la pression du trafic automobile prévue par Iris 2. »

Bravo, donc, au Comité Bru100, pour sa détermination et sa vigilance ! Rappelons que ce comité de quartier a pour but « toute action relative à la défense de la cité, des habitants, de leurs droits à des équipements de toute nature et indispensables à la qualité de vie à Bruxelles et plus spécialement au centre ».

Mission accomplie !

Mais un autre volet de ce dossier mérite également toute notre attention : la société INTERPARKING avait, elle aussi, déposé un recours contre ce permis, pour une tout autre raison nettement moins en rapport avec la défense de la cité et de ses habitants. Qu’on en juge :

• 2.2. Le second recours a été introduit par la s.a. INTERPARKING le 9 mars 2015. La requérante détient un bail emphytéotique sur la partie de l’actuel immeuble consacrée au parking.

• 2.3. Le recours est exclusivement dirigé contre deux conditions particulières du permis d’environnement :
– celle qui oblige la requérante à fournir annuellement un histogramme des mouvements (entrées et sorties) au sein du parking durant une semaine, ainsi que l’occupation du parking par heure, durant une semaine, dans les deux cas hors vacances scolaires et périodes de solde (article 4, A, 2) ;

– celle qui empêche la requérante de réserver aucun des 648 emplacements publics (article 4, B, 9).

De tout évidence, la société INTERPARKING n’aime pas rendre des comptes. La conclusion du Collège d’Environnement est édifiante :

4.2.2. Durant l’instruction de la demande de permis d’environnement, le 4 décembre 2013, l’IBGE a adressé un courrier à la demanderesse précisant que : « il apparait que l’exploitant actuel du site, à savoir la s.a. INTERPARKING, ne veut communiquer des informations essentielles quant à la gestion actuelle du parking public (histogramme du pic de fréquentation, gestion du parking public, . et ce malgré les demandes répétées du chargé d’étude (d’incidences)
(…)
Elle n’a pas non plus justifié en quoi les données sollicitées étaient « commercialement sensibles » pour la s.a. INTERPARKING. Lors des auditions, le Collège d’environnement a sollicité plus de précisions de la part de la s.a. INTERPARKING, qui s’est à nouveau retranchée derrière le secret d’affaires, sans plus de justification.’
Ce manque de données a obligé le chargé d’études à procéder par extrapolations et à réaliser des comptages d’ampleur limitée, dans le seul Parking 58. Ce manque de données a, notamment, privé le chargé d’étude d’une vision précise de l’utilisation du parking par les abonnés et de la répartition de ces abonnés entre résidents locaux et travailleurs.
(…)
Une étude de l’incidence du plan de mobilité du Pentagone sur les besoins de stationnement public aurait permis au Collège d’environnement de s’assurer de l’adéquation du nombre d’emplacements de parking prévu dans le projet « Centre 58 » (..).

Cette étude est d’autant plus nécessaire que la dernière étude en date, celle du 30 avril 2010 réalisée avec TRANSIT EC et portant sur le plan communal de mobilité de la Ville de Bruxelles d’alors, concluait à un faible taux d’occupation des parkings publics et à la disponibilité d’un très grand nombre de places de stationnement. »

A la lecture de tout ceci, on ne peut s’empêcher de constater que la Ville n’a visiblement aucun problème ni aucune sorte d’état d’âme à s’engager, pour 35 ans et dans le cadre de la construction de quatre nouveaux parkings, avec des partenaires qui refusent de communiquer des données pourtant essentielles à l’évaluation objective de la pertinence – ou non – de tel projet, ici le parking 58, ou de tel autre, (les parkings liés à son piétonnier assorti d’un miniring). La seule chose que la Ville se soit contentée de faire à ce jour, c’est de s’enquérir, en amont (mars 2013, lors du MIPIM, Salon international de l’Immobilier, à Cannes) de l’intérêt de ces sociétés à construire les nouveaux parkings… C’est normal!  (Els Ampe).

Des négociations « informelles » et des déclarations bien inquiétantes, en terme de démocratie…

Il est vrai que la phrase « INTERPARKING s’est à nouveau retranchée derrière le secret d’affaires, sans plus de justification.» n’est pas sans rappeler celle, prononcée par Yvan Mayeur, lors du Conseil communal 23 février 2015, lorsqu’il répondait à la question sur les conséquences éventuelles du recours déposé au Conseil d’Etat contre le plan de circulation :

« Le pouvoir, c’est de ne pas partager toute l’information et de la garder pour soi »

Il est vrai aussi qu’il parlait de « pouvoir » et non de « démocratie ». La nuance est de taille !

 Isabelle Marchal

Platform PentagoneLa PétitionLa Charte




Platform Pentagone

IMPRIMEZ L’AFFICHE ET PLACEZ-LA À VOTRE FENÊTRE

AffichePF-Penta

PLATFORM PENTAGONE – NOTRE CHARTE : REJOIGNEZ-NOUS !




Match truqué à la Ville de Bruxelles : voitures dopées, bus hors-jeu

Le nouveau plan de circulation pour le Pentagone dégrade la desserte en surface dans le centre-ville

Un article de l’ARAU

Les transports en commun de surface, et plus particulièrement les bus, permettent une desserte fine du territoire en donnant aux différents quartiers de la Région un accès direct à l’hyper-centre (De Brouckère-Bourse), ce qui constitue un avantage non négligeable pour les usagers.

Rendre ces transports plus efficaces, plus « compétitifs », permettrait de contribuer à un report modal de l’automobile vers les modes de déplacement durables (marche, vélo, transports publics). Les Bruxellois seraient donc en droit d’attendre du nouveau plan de circulation de la Ville qu’il s’attache à résoudre les problèmes rencontrés sur le réseau et, d’une manière plus générale, qu’il octroie une priorité élevée aux transports en commun afin d’améliorer le service aux usagers. Pourtant, les projets de la Ville ne prennent pas cette direction…

En effet, le nouveau plan de circulation, outre qu’il ne répond pas aux problèmes existants, en rajoute d’autres en projetant :

  • la suppression de bandes bus ;
  • la limitation de l’accès de plusieurs lignes de la STIB et de De Lijn à l’hyper-centre.

Ce faisant, le plan de circulation de la Ville entre en contradiction avec la législation et les objectifs régionaux en matière de mobilité, de même qu’il ignore totalement les préoccupations des usagers de la STIB. Les choses sont faites à l’envers en donnant la priorité à la circulation automobile au détriment des usagers des transports en commun…

La Ville de Bruxelles a pour ambition de profondément transformer le cœur de la ville. Malheureusement, ses projets en matière de mobilité ne répondent pas aux attentes des Bruxellois qui veulent vivre dans une ville libérée d’une pression automobile source de multiples nuisances. Les plans de la Ville auraient également pour conséquence de réduire la capacité d’accès au centre-ville de nombreux usagers des transports publics alors que, dans le même temps, l’accès en automobile serait favorisé depuis les quatre coins de la Belgique…

La Ville de Bruxelles dispose des moyens nécessaires pour développer une mobilité plus durable et ainsi offrir aux habitants un cadre de vie plus paisible. Il ne tient qu’à elle de les mettre en œuvre. La phase test du plan de circulation débutera dans quelques semaines : elle doit être l’opportunité pour les autorités de revoir leur projet et de modifier leurs plans pour que Bruxelles opère, effectivement, un changement de cap.

 




Petit bréviaire de novlangue piétonnisante

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Sous l’apparence sympathique de permettre « aux citoyens de se réapproprier l’espace public », le piétonnier que de nombreux Bruxellois avaient appelé de leurs vœux s’est transformé en projet de parc-à-thèmes flanqué de sa « route des parkings ».

Au fil des plans et annonces qui se succèdent depuis plus d’un an, les desseins de la Ville de Bruxelles pour la naissance d’un « nouveau cœur » urbain (« BXL.Heart ») se précisent. Les boulevards centraux sont voués à devenir « une succession de places et placettes » avec d’un côté, la place De Brouckère redessinée en « agora » (aussi appelée « Times Square ») et de l’autre, la place Fontainas en « jardin ». Entre les deux : l’espace situé devant l’actuel Centre administratif se métamorphoserait en « foyer », la place de la Bourse en « théâtre urbain » et l’immeuble de la Bourse en « New Beer Temple ». Le ton est donné : dans l’auto-proclamée « plus grande zone piétonne d’Europe », ce sera « Plaisirs d’Hiver » toute l’année.

Les transports en commun seront déviés de cette « zone confort », mais un petit train électrique permettra aux touristes d’y circuler et des taxis de rejoindre le casino.

Pour parfaire ce plan de lutte contre « la bronchiolite, première maladie infantile de notre Ville, dûe au taux de pollution extrêmement élevé dans notre Ville », le Mayeur et son Collège veulent construire quatre nouveaux parkings souterrains sous des places historiques. Ils seront concédés pour une durée de 35 ans à des investisseurs privés à qui il incombera d’élaborer et réaliser le réaménagement des espaces publics. À ceux qui s’étonnent de ce projet en contradiction avec la suroffre de places de stationnement dans le périmètre et avec le Plan régional de Mobilité (qui vise à réduire l’utilisation de la voiture individuelle de 20% à l’horizon 2018), on rappellera que le Ministre régional de la Mobilité est aussi élu à Bruxelles-Ville et qu’il défend ces mesures négociées entre les partis de la majorité communale. Rien d’étonnant donc à ce que la Région mette son stand au MIPIM de Cannes (le marché international de la promotion immobilière) à disposition de la Ville pour y promouvoir son projet, baptisé pour l’occasion « BXL.Park ».

Autour de la « zone confort » : une « boucle de desserte » automobile, prompte à saturer des artères habitées et pour certaines déjà complètement embouteillées aux heures de pointe. Si le Mayeur s’offusque du vocable de « mini-ring », son Échevine de la Mobilité n’hésite pas, elle, à parler de « route des parkings ». Elle demande d’ailleurs « aux gens qui n’ont pas de voitures d’être solidaires avec ceux qui en ont une », et précise ainsi sa pensée : « Nous essayons que les automobilistes qui pénètrent dans le Pentagone évitent au maximum les quartiers résidentiels ». Les habitants du Pentagone, eux, peuvent subir la « zone d’inconfort » et sa pollution automobile…

Mini-ring, parkings… et bling-bling

L’Échevine des Affaires économiques, elle, voit ces parkings comme l’opportunité d’accroître « l’attractivité des logements, avec pour conséquence éventuelle l’arrivée d’habitants à meilleure capacité contributive », et le piétonnier comme « un plan de redéploiement économique » permettant de « booster le cœur de ville ». Au programme : étendre l’autorisation d’ouverture dominicale des commerces, « upgrader l’offre commerciale » en attirant « des enseignes de qualité » et en décourageant « le bas de gamme » — ce qui sera fait notamment par le non renouvellement de certains baux commerciaux de rez-de-chaussées appartenant à la Ville, ou encore par l’interdiction de mener une activité horeca à certains endroits…

La Ville veut agir, car les commerces du centre-ville sont menacés par Neo, ce vaste projet de transformation du plateau du Heysel en centre d’affaires, de loisirs et de commerce, qui a été initié… par la Ville, sous forme d’un partenariat public-privé des plus opaques. L’avènement de Neo, avec son centre commercial de 70.000 m2, ses bureaux et ses parkings, se solderait par une perte de clientèle de 23% pour les commerces du centre. C’est du moins le résultat d’une étude commanditée par la Ville à un consultant privé spécialisé dans le « geomarketing »… qui a aussi travaillé pour Neo.

L’Échevine des Affaires économiques, opposée à Neo lorsqu’elle siégeait dans l’opposition, le défend aujourd’hui « par cohérence politique ». Gênée aux entournures, elle veut éviter de construire « un succès qui se baserait sur l’effondrement du cœur de ville ». Remède préconisé : spécialiser les « noyaux commerciaux » en leur donnant de « nouvelles identités ». Ainsi, la rue Neuve deviendrait la « High street belge n°1″ attirant notamment « des concepts de magasins voués à une marque (ex. : Disney) » ; la place De Brouckère un « cœur créatif moderne d’interconnexion » avec « pop up store permanent axé sur les innovations », « bornes de réalités augmentées » et « logements pour classe créative » ; le boulevard Adolphe Max jouerait la carte d’une « offre haut de gamme en lien avec la clientèle des touristes/congressistes » ; le boulevard Anspach accueillerait « des commerces d’achats d’impulsions », etc.

Adieu simples troquets, artisans, bouquinistes, épiceries, pharmacies, night-shops et autres commerces de proximité ? Place au « centre commercial en plein air » ? Ceux qui craignaient une « disneylandification » du centre-ville ne croyaient pas si bien dire.

Un Mayeur « qui ose »

Derrière l’affirmation martelée en boucle qu’il faut avoir « une vision » et « des ambitions » pour la ville, et que celles-ci doivent « profiter en premier lieu aux habitants », la « cohérence » qui émerge des plans de la Ville est plutôt celle d’un urbanisme déterminé par le tourisme et le « benchmark international ».

Le Collège peine ainsi à justifier que ses plans n’aient fait l’objet d’aucune étude d’incidences ni enquête publique, qu’ils soient si peu concertés avec ses services administratifs et contradictoires avec d’autres plans de la Ville encore en cours d’exécution comme certains Contrats de quartier. Quant au « processus participatif » mis en place, il se contente « d’informer pour garantir l’adhésion » des habitants.

« Je sais que ce plan fait peur. C’est normal, parce que c’est nouveau et quand c’est nouveau, ça fait peur », répète à l’envi l’Échevine de la Mobilité pour expliquer les nombreuses critiques auxquelles elle doit faire face. Mais en fait de « modernité » et d’« innovation », le système qui permet l’éclosion de ces projets est une banale réplique du modèle de gouvernance néo-libérale, promu au rang d’horizon indépassable de la démocratie locale.

Lorsqu’on y regarde de plus près, ce système a aussi quelque chose de moyenâgeux. Il faut assister à un Conseil communal à Bruxelles-Ville pour observer à quel point le Mayeur et ses Échevins, assis dans leurs fauteuils cossus sous les lambris dorés de la salle du Conseil, méprisent tout questionnement ou critique émis envers leurs projets. « Le pouvoir, c’est de ne pas partager toute l’information et de la garder pour soi », dit le Mayeur en réponse à une question d’élus de l’opposition… Élus auxquels il arrive de ne recevoir l’ordre du jour complet d’un Conseil communal que quelques jours avant sa tenue, voire des documents juridiques importants et complexes le jour-même de leur mise au vote.

Il faut le voir pour le croire. Voir le Mayeur brandir le résultat d’une étude confiée à un bureau privé qui n’a de « participative » que le nom, et affirmer, sous le feu des critiques, qu’il bénéficie d’un large soutien de la population. Voir les membres de sa Cour gloser sur les questions des conseillers communaux, qu’ils écoutent à peine, trop occupés qu’ils sont à surfer sur leur Smartphone ou à ricaner entre eux. Les voir évacuer les questions gênantes sans y répondre, tout en prétendant y avoir « déjà répondu », ou prétendre que des études sont publiques alors qu’elles sont secrètes… voire inexistantes. Voir encore le Mayeur crier sur les citoyens mécontents, confinés dans un minuscule espace au fond de la salle, qu’ils ont juste le droit de se taire, « de se présenter aux élections, d’être candidats, d’être élus et d’ensuite s’exprimer » ! Une phrase cocasse pour un Bourgmestre non élu. Car ce mandataire peu populaire ne doit sa nomination qu’à sa soif de pouvoir et au stratagème de son parti qui l’a hissé dans ce fauteuil à la place de son prédécesseur, jugé trop vieux, en échange d’une retraite dorée. Ce dernier a été recasé aux manettes de… Neo.

Gwenaël Breës

Article paru dans le n°19 de « Kairos, journal antiproductiviste pour une société décente ».




Recours I

« Il faut décider vite sinon je sais ce qui va se passer. On va être confronté à un tas d’experts et de comités qui vont donner leur avis bien entendu négatif. Sans compter les procédures légales qui sont une vraie partie de plaisir »

Yvan Mayeur, janvier 2014

12 février 2015

PLAN DE MOBILITÉ DU PENTAGONE :
LA VILLE DE BRUXELLES DOIT RESPECTER LA LOI

Trois associations environnementales bruxelloises, l’ARAU, le BRAL et Inter-Environnement Bruxelles, accompagnées par huit habitants du centre-ville (appuyés par des associations de leurs quartiers respectifs : Rouppe, Béguinage, Vismet, Sainte Catherine, Nouveau Marché aux Grains, Marolles, Notre-Dame-aux-Neiges et Saint Géry), ont introduit un recours au Conseil d’Etat au sujet du nouveau Plan de mobilité du Pentagone de la Ville de Bruxelles.

Nouveau Piétonnier

Pour rappel, ce plan a été voté par le Conseil communal le 1er décembre 2014 et englobe :

  • une zone “confort”(ou zone principalement piétonnière), dont le périmètre est décidé ;
  • un nouveau plan de circulation pour les véhicules à moteur, un nouveau plan pour les transports en commun et des itinéraires cyclistes ;
  • la création de quatre nouveaux parkings souterrains place du Jeu de Balle, place Rouppe, place du Nouveau Marché aux Grains et place de l’Yser ;
  • la création d’une “boucle de desserte” qui ceinturera le piétonnier “pour permettre à tous les véhicules à moteur d’atteindre les parkings à proximité de la zone de confort”.

Pourquoi un recours en annulation au Conseil d’Etat ?

  • Parce que ce nouveau Plan de mobilité induit une modification essentielle du cadre de vie dans le Pentagone et qu’il a été adopté sans étude d’incidences préalable ni enquête publique.
  • Parce que c’est la seule manière de porter devant le Conseil d’Etat le contrôle de légalité d’actes administratifs.
  • Parce que c’est la seule manière qui reste de faire respecter la légalité par les autorités de la Ville de Bruxelles.
  • Parce que les projets de cette importance ne peuvent être adoptés sans être accompagnés des études préparatoires requises par le droit européen et bruxellois.
  • Parce qu’il faut tenir compte le plus tôt possible des incidences sur l’environnement susceptibles d’être générées par les plans et programmes prévus par les pouvoirs publics.

Les habitants, usagers et acteurs économiques directement concernés ont un droit inaliénable à participer à l’élaboration des plans et programmes relatifs à l’environnement dans un cadre transparent et équitable après avoir obtenu toutes les informations nécessaires.

Ils demandent donc : une enquête publique et une évaluation indépendante des incidences de l’ensemble du plan, conformément à la directive européenne 2001/42/CE, et le respect de la loi en cas de plans et programmes qui ont un impact sur l’environnement.

La note juridique à télécharger