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Beer Temple : quelle saga !

Novembre 2022

Tour de passe-passe de la Région
pour sauver in extremis un permis chancelant

En mars 2019, IEB et l’ARAU, regroupés au sein de la Platform Pentagone, avaient déposé un recours au Conseil d’État contre le permis d’urbanisme de la réaffectation de la Bourse en Beer Temple. En juillet dernier, l’Auditeur avait rendu son avis qui concluait à l’atteinte au patrimoine dénoncée par les associations. Le percement du socle du bâtiment et la pose d’une extension (la fameuse gaufre géante) sur le toit constituaient bien, selon lui, une violation de l’article 232 du CoBAT qui prévoit que « nul ne peut démolir en tout ou en partie un édifice classé » : autant dire que le permis avait du plomb dans l’aile ! Les plaidoiries devaient avoir lieu la semaine dernière, mais au dernier moment, la Région a retiré le permis querellé et, simultanément, délivré un nouveau permis assorti d’une motivation « plus claire », peut-on lire dans la presse.

Une stratégie déjà maintes fois utilisée par la Région lorsqu’elle sent que, face aux moyens juridiques développés par les requérants, un permis querellé n’a aucune chance de survie : en annulant l’objet du recours, c’est toute la procédure qui est réduite à néant et doit être reprise à zéro. Un pied de nez aux associations mais aussi au Conseil d’État qui, dans d’autres dossiers déjà, n’avait pas caché son agacement face à ces manœuvres dilatoires.

Car il s’agit bien évidemment de gagner du temps et de passer en force, mettant ainsi à mal l’un des rares moyens dont disposent habitants et associations pour s’opposer à des projets qui menacent leur cadre de vie. La fin d’un épisode d’où la Région ne sort pas grandie, mais certainement pas la fin de la saga du Beer Temple…

L’occasion de rappeler les raisons de ce recours et de cerner les enjeux du dossier.

Qui sont les requérants ?

Le recours au Conseil d’Etat est porté par :

  • IEB (Inter-Environnement Bruxelles)
  • l’ARAU
  • Une habitante du centre-ville

Qui est la partie adverse, attaquée par le recours ?

  • La Région bruxelloise, en tant qu’autorité qui a délivré le permis.

Qui est le demandeur du permis ?

  • La Régie foncière (de la Ville de Bruxelles), en tant que propriétaire du bâtiment.

Quels sont les points principaux sur lesquels porte le recours ?

  1. Atteintes au patrimoine : « L’acte attaqué autorise la destruction partielle d’un monument classé par l’ouverture de nouvelles baies aux entrées latérales, la destruction du soubassement du côté de la rue au beurre, la destruction d’une partie des verrières, la destruction du revêtement du sol, et l’atteinte aux vestiges archéologiques ».

  • Percement du socle : Alors que le bâtiment est classé, le projet prévoit l’éventrement du socle pour y placer une entrée aux portes vitrées et coulissantes. Dans la description de leur projet, les concepteurs ne parlent pas de démolition mais de « soustraction de la matière » et de « formes soustractives ». Le caractère réversible de cet éventrement, qui aurait éventuellement pu justifier l’octroi du permis, n’est pas démontré ni même évoqué, ni dans le projet, ni dans le permis lui-même. Critiquée sur ce point, en amont de l’enquête publique, la Ville avait un moment affirmé que les pierres du soubassement seraient conservées, numérotées et enterrées sous le site, mesures qui suffisaient, selon elle, à garantir la réversibilité du percement du soubassement.

  • Pose d’une « gaufre » surmontant le skybar  Bien que considérablement réduite comparée à sa version initiale, cet appendice est également discutable, du point de vue patrimonial, et les explications fournies sur son caractère réversible par les concepteurs du projet, peu convaincantes.

  • Percement d’une large trouée dans les vestiges du XIIIe siècle Sous le prétexte de « mettre en valeur » les vestiges d’un couvent du XIIIe siècle, il est vrai très médiocrement valorisées à l’heure actuelle, la solution préconisée est de percer de larges brèches dans les murs des XIIIème et XVème siècles et de détruire quelques caveaux au passage dans le chœur de l’église.

2. Projet abusivement qualifié « d’équipement collectif »

« L’acte attaqué autorise l’exploitation, au sein de la Bourse de Bruxelles d’une « galerie et centre d’expérience de la bière belge » et de différents commerces HORECA en intérieur, ainsi qu’un « skybar » en terrasse sur la toiture, alors que le bâtiment se situe en zone d’équipement d’intérêts collectifs et de service public où ne sont pas autorisés les espaces commerciaux sauf s’ils sont le complément usuel des équipements ».

3. Rapport d’incidences léger et erreurs d’appréciation dans la délivrance du permis

En substance, il est reproché à l’autorité chargée de la délivrance du permis (la Région Bruxelles-Capitale) de s’être contentée d’un rapport d’incidences ne prenant pas en considération suffisamment d’aspects du projet et d’avoir trop peu tenu compte des réserves et conditions exprimées dans le cadre de la commission de concertation.

Quand est né ce projet ?

L’annonce d’un projet de « Beer Temple » remonte à fin 2013 et il est porté par :

  • Philippe Close, alors échevin du Tourisme de la Ville de Bruxelles, aujourd’hui bourgmestre,
  • Sven Gatz, alors Directeur de la Fédération des Brasseurs, auparavant chef de groupe OpenVLD au Parlement flamand. Revenu en politique depuis, il est aujourd’hui Ministre des Finances de la Région Bruxelles-Capitale dans le gouvernement Vervoort III,
  • Nel Vandevannet, peu connue du grand public, cette proche collaboratrice de Philippe Close est partie prenante du projet depuis ses début. Elle est aujourd’hui chef du projet BourseBeurs pour la Ville de Bruxelles,
  • Krishan Maudgal , actuel Directeur de la Fédération des Brasseurs, il est également impliqué dans le projet dès ses débuts. Il fait aujourd’hui partie du Conseil d’Administration de BourseBeurs,
  • Charles Leclef, directeur de la Brasserie Het Anker.

Au fil du temps, le nom du projet évoluera suite à l’effet repoussoir provoqué par l’annonce d’un « Beer Temple », passant par une phase transitoire, pas plus heureuse, de « Beer Palace », et finalement renommé « Belgian Beer Experience ».

Par qui ce projet est-il porté juridiquement ?

C’est aujourd’hui une Régie communale autonome, dénommée BeursBourse, qui incarne, englobe et gère le projet de transformation de la Bourse. Ses membres sont :

  • 5 non-élus : Charles Leclef (Président), Krishan Maudgal, Margot Vogels, Nel Vandevannet, Patrick Mullie
  • 6 élus du Conseil Communal : Philippe Close (Vice-Président), Arnaud Pinxteren, Geoffrey Coomans de Brachène, Riet Dhont, Mary Nagy,  Mohammed Ouriaghli

Combien coûte le projet ?

Le montant initialement annoncé était de 25 millions d’euros, sous forme de Partenariat-Public-Privé, soit :

  • 20 millions d’argent public provenant de la Région, de l’Etat Fédéral (via Beliris) et de l’Europe (Fonds FEDER) y inclus la valeur estimée du bâtiment (5 millions)
  • 5 millions de fonds privés, apportés par le privé (Fédération des Brasseurs)

Les derniers montants connus (mai 2021) parlent aujourd’hui de 51.220.000 € :

  • Fonds publics,
  • FEDER : 7.220.000 €
  • Ville de Bruxelles : 10.000.000 €
  • RégionBruxelles Capitale: convention“Image de Bruxelles-investissements” 12.000.000 €
  • Fonds Fédéral “Relance et Résiliance” (fonds lié à la crise sanitaire du COVID-19) : 12.000.000 € Monuments et Sites : 5.000.000 €
  • Fonds privés : 5.000.000€

Montant de la part du privé inchangé : depuis 2013.

Répartition de l’investissement de ce Partenariat-Public-Privé :

Public : 90,24%

Privé : 9,76%

Quelles sont les brasseries qui soutiennent le projet ?

  • Dans la communication des porteurs du projet, il a toujours été dit que « 95 % des producteurs belges de bières le soutenaient, mais cette affirmation est surestimée, trompeuse, voire douteuse.

En effet, la « Fédération des Brasseurs » soutenant le projet est une asbl enregistrée à la Banque-Carrefour des entreprises depuis le 15 mai 2014 sous le nom de « BELGIAN BREWERS – BELGISCHE BROUWERS – BRASSEURS BELGES » (N.E. 552.705.208).

Sur son site internet (où l’on ne trouve aucune référence légale à cette asbl ni à une quelconque autre personnalité juridique), la « fédération » revendique une centaine de membres, parmi lesquels, les géants de la bière industrielle AB Inbev, Alken Maes, Duvel-Moortgat Palm. Or, la Belgique compterait près de 300 brasseries, on est donc loin des 95%, d’autant que, parmi les membres de la Fédération, il n’y a pas nécessairement adhésion à ce projet. Quant au nombre exact des brasseries qui sont en parties prenantes, c’est le flou artistique.

Qui sont les membres de l’Organe administratif de la Fédération des Brasseurs, asbl associée au projet ?

L’organe administratif compte une trentaine de membres, on y trouve

  • d’une part, les géants de la bière industrielle INBEV Belgium, Alken MAES, Duvel-Moortgat PALM, ainsi qu’un producteur (?) et importateur de bières et de limonades, John Martin NV,
  • d’autre part : quelques brasseries trappistes (Orval, Westmalle et Chimay), des brasseries d’importance moyenne (Bocq, Haacht, Omer,…)
  • enfin, quelques plus petites brasseries artisanales ou bio (Silly, Brunehaut, Pirlot par ex).

Qui est le président de l’asbl « Belgian Brewers » ?

Il s’agit de Jean-Louis Van Den Perre, spécialiste de l’optimisation fiscale. Dans un entretien avec un étudiant de Solvay, il parle ainsi de lui :

« J’ai plus de 30 ans d’expérience en fiscalité. J’ai commencé en 1984 mes études fiscales à l’Ecole Supérieures des Sciences Fiscales. J’ai commencé en 1985 chez Peat Marwick.
Etudiant : C’est quoi ?
JL VdP : C’est l’ancien KPMG. Je suis resté 3 ans et puis je suis resté 12 ans chez Exxon comme fiscaliste international et puis presque 15 ans chez AB Inbev. Donc j’ai toujours été dans la fiscalité internationale, société,…
FL : Dans l’optimisation.
JL VdP : Oui voilà, mais aussi la gestion des risques évidemment. Parce que ce qui est important en fiscalité, c’est l’expérience. Il y a évidemment la base théorique à connaître, mais c’est en expérimentant, en étudiant des cas qu’on arrive à avoir le nez dedans je dirais.
FL : Et chez AB Inbev, votre fonction c’était ?
JL VdP : Responsable Global de la fiscalité, donc je faisais beaucoup d’international en fait. Je faisais assez peu Belgique, donc c’était Brésil, USA, Chine.

Les requérants sont-ils opposés à la restauration du bâtiment de la Bourse ?

Non, bien évidemment, ce n’est pas cette partie du projet qui est critiquée. Mais la restauration de parties du bâtiment ne peut justifier le percement de son socle ni les larges trouées pratiquées dans les vestiges du couvent du XIIIe siècle. La nature lucrative de la nouvelle affectation de la Bourse a également de quoi interpeller, en dépit des efforts de communication déployés pour mettre en avant la « réouverture de la Bourse au public ».
Quant au choix de ce lieu pour un musée de la bière, il y avait mieux à faire, en optant, par exemple, pour des bâtiments ayant anciennement abrité une brasserie, comme le long du canal, où elles étaient nombreuses.

Les requérants n’aiment-ils pas la bière ?

Bien sûr que si ! Mais des Musées de la Bière existent déjà à Bruxelles, véritables ambassadeurs de ce patrimoine dont nous sommes fiers, et qui mériteraient d’être mis en valeur, plutôt que de promouvoir à coup de millions d’argent public un projet dont les bénéficiaires seront essentiellement des géants de la bière industrielle.

A visiter, si vous aimez vraiment la (bonne) bière :

Les requérants n’aiment-il pas leur (centre-) ville ?

Si ! Mais ce centre-ville doit rester habitable, or la tournure prise par les aménagements successifs, réalisés ou projetés au nom de « l’attractivité touristique », tendent à le transformer en parc à thèmes où les conditions d’habitabilité sont de moins en moins remplies, à l’instar de villes comme Barcelone, Lisbonne, Dubrovnic et bien d’autres. La transformation de la Bourse en « Belgian Beer Experience » ne fera que contribuer à cette mutation non souhaitable vers un centre-ville consumériste et événementiel.

Visuels du projet BeursBourse

« Soustraction de la matière » dans le socle du bâtiment classé
Toiture du Skybar en laiton ajouré, surnommé ironiquement « la Gaufre »
Percement de larges trouées dans les vestiges du couvent du XIIIe siècle pour « mieux les mettre en valeur » !

Communiqué de presse – 27 mars 2019

Absence
de débat démocratique, marchandisation d’un équipement public,
atteinte à un patrimoine classé et folklorisation du centre
historique : IEB, l’ARAU et des habitants ont introduit un
recours en annulation devant le Conseil d’État contre le permis
relatif au réaménagement de la Bourse en « Centre
d’expérience de la bière ».



Regroupés au sein de la Platform Pentagone, l’ARAU et Inter-environnement Bruxelles ont introduit un recours au Conseil d’État en annulation du permis d’urbanisme délivré le 13 novembre 2018 par la Région à la Ville de Bruxelles pour la restauration et la réaffectation de la Bourse de Bruxelles. Pour rappel, la pétition lancée pendant l’enquête publique à l’été 2017 a récolté plus de 7.000 signatures1 ! Les associations demandent une remise à plat du dossier.

  • 1. Les raisons initiales de la critique du milieu associatif et des habitants: une nouvelle affectation choisie unilatéralement par la Ville de Bruxelles, qui ne repose sur aucune légitimité

Le
projet de reconversion de la Bourse en attraction dédié à la bière
belge n’a jamais fait l’objet d’un débat public : il
repose sur une décision prise en coulisse de manière autocratique
par la Ville de Bruxelles. Beaucoup d’autres idées auraient pu
être mises sur la table de manière transparente en amont d’un
choix de reconversion, mais la Ville a fait l’impasse sur la
participation avant d’imposer un projet clé sur porte : ce
projet a été développé avec une asbl issue de la Fédération des
Brasseurs Belges2
qui cherchait un nouvel écrin pour la promotion de son activité (la
Maison des Brasseurs de la Grand-Place étant trop exiguë).

Donner
une accessibilité publique à la Bourse est une bonne chose, mais
les importantes sommes d’argent public investies pour ces travaux
(Ville, Région, Férédal, fonds européen FEDER3)
justifieraient une affectation débattue qui rencontre les besoins et
aspirations des habitants et non ceux du lobby de l’industrie
brassicole. La rénovation de ce bâtiment emblématique sert
effectivement avant tout un projet commercial et touristique privé
– 4.200 visiteurs par jour sont attendus, soit 1.500.000 visiteurs
par an (environ le double de la fréquentation de l’Atomium). Les
incidences de ce projet touristique sur l’habitabilité du centre
historique et son impact sur l’évolution commerciale du
centre-ville n’ont par ailleurs pas été sérieusement étudiés.

  • 2. Les faiblesses juridiques du permis

  • 2.1. Le Belgian Beer World n’est pas un équipement d’intérêt collectif mais un projet commercial et touristique : CECI N’EST PAS UNE MISSION DE SERVICE PUBLIC

Au Plan Régional
d’Affectation du Sol, la Bourse est affectée en équipement
d’intérêt collectif. Ces équipements doivent remplir une mission
d’intérêt général ou public. Or, les affectations proposées
dans le permis ne remplissent pas les conditions légales de cette
définition. Le centre d’expérience de la bière, fonction première
du projet, développe au contraire une attraction essentiellement
touristique et lucrative. En réalité, sur la superficie
globale du projet de 12.493 m², musée Bruxella 1238 compris, seuls
5.409 m² peuvent être considérés comme des équipements. Le reste
des 7.084m² remplissent une fonction commerciale et touristique.

Par ailleurs, les établissements commerciaux
(de type HORECA ou autres) ne sont normalement admissibles en zone
d’équipements que s’ils constituent le complément usuel des
équipements d’intérêt collectif.

Le recours rappelle que,
dans le dossier de presse qui annonçait le projet de Belgian
Beer Palace
, le consortium exposait sa
volonté de « faire du Beer Palace
une « marque culturelle ou commerciale forte », une
« attraction pour tous les publics », dans laquelle « chaque
visiteur doit avoir envie de porter la marque Belgian Beer Palace »,
car  » le merchandising est un outil primordial, en cours ou en
fin de visite ».
». Ce même
dossier de presse annonçait une part de 70% de touristes dans son
public potentiel global.

Le recours en conclut
qu’ « il ressort à
l’évidence que l’objectif recherché est de promouvoir la
consommation des bières belges qui font partie du catalogue des
brasseries représentées par la Fédération des brasseurs belges
[AB InBev] et ce, principalement à un public touristique.
 »

  • 2.2. Le projet démolit des parties d’un bien classé : CECI N’EST PAS UNE RESTAURATION.

L’article
232 du CoBAT interdit de « démolir
en tout ou en partie un bien relevant du patrimoine immobilier
classé
 ». Or, le permis autorise
la démolition partielle d’un monument classé par la suppression
d’éléments entiers, entre autres pour l’ouverture de nouvelles
baies aux entrées latérales (le percement d’une partie du
soubassement, du côté de la rue au Beurre). Il s’agit également
de la destruction d’une partie des verrières, du changement du
revêtement du sol, et de l’atteinte aux vestiges archéologiques.
Sur ce dernier point, une pétition4
avait également été lancée pour alerter sur le percement des murs
du 13e
et 15e
siècles, prévu dans le projet pour permettre un nouvel accès au
musée Bruxella 1238 depuis la Bourse.

Comme
le précise le recours, « le
permis prévoit la démolition du soubassement sur une hauteur de
3,50 mètres et sur une largeur de plus de 8 mètres. La structure
originelle du bâtiment est modifiée, et pour tous les travaux cités
plus haut, on ne peut parler de « restauration ».
 »

En
outre le permis autorise une rehausse avec une dérogation à
l’article 8 du Titre I du RRU concernant la hauteur des bâtiments.
Cette rehausse, découlant de la volonté d’exploiter le toit de la
Bourse en bar, surmonté d’une gaufre géante, n’est pas
acceptable.

  • 2.3. Les incidences sur l’environnement n’ont pas été sérieusement prises en compte, les alternatives sont inexistantes : CECI N’EST PAS UN RAPPORT D’INCIDENCES.

Le
Rapport d’Incidences Environnementales de la demande de permis
relève des incidences notables sur l’environnement mais ne propose
aucune solution pour les réduire. Le demandeur doit pourtant
démontrer qu’il a envisagé plusieurs solutions raisonnables en
considérant les impacts du projet sur l’environnement. Il doit
normalement justifier son choix et présenter des mesures pour
éviter, prévenir ou réduire les incidences négatives. Seul un
examen comparé des options et de leur impact permet à l’autorité
de statuer en connaissance de cause. Le dossier n’en contient pas.
En effet, aucune alternative susceptible de répondre aux problèmes
inhérents au projet n’a été envisagée (via la suppression de la
nouvelle entrée et de la terrasse en toiture, la diminution du
nombre de commerces, ou la possibilité d’un autre type
d’équipement public, par exemple).

Par ailleurs, le rapport d’incidences ne prend pas en compte les effets cumulés des différents projets d’urbanisme en cours autour de la Bourse (piétonisation et réaménagements des espaces publics), notamment en termes de nuisances sonores. Aucune mesure du bruit n’a été effectuée.

++++++++++++++++++++

1
https://www.change.org/p/sauvons-la-bourse-non-au-temple-de-la-bi%C3%A8re

2
L’asbl Belgian
Brewers
regroupe seulement 30
brasseries, dont
aucune bruxelloise
, avec en tête Ab InBev, autant impliqué
dans le Belgian Beer World
que dans l’affaire des « Panama Papers »
(dissimulation de fortunes dans des paradis
fiscaux).

3
Fonds publics investis dans le projet : 7,2
millions € du Fonds FEDER, 5 millions € pour la Ville de
Bruxelles, 5 millions € de Beliris (Fédéral), 5 millions € de
la Région de Bruxelles-Capitale.

4
« Vestiges archéologiques en péril à Bruxelles : sauvez
Bruxella 1238! » :
https://www.petitions24.net/vestiges_en_peril_a_bruxelles_sauvez_bruxella_1238




Parking place Rouppe : il revient, une étude « historique » à la clé…

Une étude historique d’une faible rigueur scientifique

PROJET DE PARKING PLACE ROUPPE

PÉTITION
COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 2 JUILLET 2018

En juin 2017, une demande de permis pour la construction d’un ensemble de 116 logements étudiants et d’un parking public de 200 places était soumise à l’enquête publique. Situé place Rouppe 4 – rue Van Helmont 53-55, le projet avait été contesté1 non seulement pour le parking et ses effets d’aspiration du trafic mais aussi car il prévoyait la démolition de la maison néoclassique du n°4 de la place Rouppe (son maintien « contraignant » le projet de parking).

Dans son avis du 5 juillet 2017, la commission de concertation avait émis comme condition de « maintenir la maison sise place Rouppe, 4 à l’exception des annexes ; ». Cette condition n’a pas dû plaire au promoteur puisqu’il a introduit une nouvelle demande de permis (la commission de concertation aura lieu ce mardi 3 juillet), identique à la première, demandant, à nouveau, la démolition de la maison. C’est que le promoteur a entretemps commandé une « étude historique » pour le moins complaisante justifiant, de son point de vue, la démolition.

 Or, cette « étude historique » présente une faible rigueur scientifique et une profonde  subjectivité : les jugements de valeurs qu’elle contient n’engagent que son auteure.

Le principal problème de cette étude est son incapacité à identifier la valeur d’ensemble du patrimoine de la place Rouppe. Affirmer que, du fait de sa non planification, on ne peut parler d’ensemble architectural néoclassique est une contre-vérité ou une erreur manifeste. Si on suivait son raisonnement, on ne pourrait parler d’un ensemble pour la Grand Place…

Le tableau de valeur sur lequel l’auteure base son jugement final est extrêmement subjectif et ne présente pas le point de vue neutre d’un « expert ». La méthode d’évaluation, non référencée, laisse l’auteure libre de sous-estimer certains facteurs.

 La maison, qui s’inscrit dans l’ensemble architectural néoclassique de la place Rouppe, mérite certainement d’être rénovée et restaurée. C’est ce que préconise notamment la Cellule Patrimoine historique de la Ville de Bruxelles qui, dans un avis rendu suite à une visite de la maison le 24 septembre 20102, contredit l’« étude historique » commandée par le promoteur.

En effet, cet avis conclut qu’« une démolition ne se justifie pas car l’immeuble est un témoin important de la première phase de construction de la place Rouppe. De plus, le très grand intérêt de la cage d’escalier justifie la préservation et la mise en valeur de cet immeuble. »

La demande de démolition de la maison néoclassique est d’autant moins justifiée qu’elle ne s’explique que par le projet de parking. Faut-il préciser que les parkings agissent comme de véritables aspirateurs de trafic ? Le rapport d’incidences accompagnant la demande de permis évalue ainsi l’augmentation du trafic à 100 véhicules par heure à la pointe du soir… Tout cela en bordure de piétonnier ! La Ville de Bruxelles et les administrations régionales siégeant en commission de concertation ne peuvent ignorer les effets néfastes pour les habitants d’un trafic automobile dopé par la présence d’un parking.

En conclusion, La Platform Pentagone demandent à la commission de concertation d’exiger, comme en juillet 2017, le maintien de la maison néoclassique et de refuser la création du parking public.

Habitants et associations veulent une ville humaine et durable, ce qui implique la valorisation du patrimoine et la diminution drastique de la pression automobile. Tout le contraire de ce que propose ce projet…

La Platform Pentagone rappelle son opposition
à tout nouveau parking public dans le centre-ville

NON à la démolition du patrimoine
pour faire place à un parking qui asphyxierait le quartier !

PÉTITION

© Photo : Etude historique Lori Mahmourian




Enquête publique Bourse – Beer Temple : Lettre-type

BEER TEMPLE – ENQUÊTE PUBLIQUE

Lettre-type à envoyer à l’Urbanisme au plus tard le 29 septembre à minuit à

commissionconcertation.urbanisme@brucity.be

Concerne : Enquête publique relative à la demande de permis d’Urbanisme PU A-627/2017

Mesdames, Messieurs les membres de la Commission de concertation de Bruxelles-Ville,

Les boulevards centraux de Bruxelles sont le coeur de notre ville, de notre Région. La Bourse est au centre de nos boulevards. Son devenir, comme celui de notre démocratie urbaine, nous regarde tous !

Or, nous assistons actuellement, dans le coeur de à Bruxelles, à une multiplication de projets qui consistent trop souvent à transformer espaces ou équipements publics, au profit d’activités événementielles ou touristiques et au détriment du patrimoine, du cadre de vie des habitants, de la mixité des commerces et du droit à la ville pour tous ses usagers.

Je suis persuadé(e) qu’il y a beaucoup mieux à faire, avec les 30 millions d’euros de ce coûteux projet, que de livrer la Bourse aux grands acteurs d’une économie mondialisée.

Je vous prie donc de bien vouloir prendre note de mon opposition à ce projet qui va défigurer le bâtiment de la Bourse de manière irréversible et contribuer au développement du tourisme festif dans le centre-ville.

[ Si vous souhaitez être présent.e à la commission de concertation, insérez la phrase suivante ]
Veuillez noter également que je souhaite assister et être entendu(e) à la Commission de concertation du mercredi 11 octobre 2017. Merci de m’informer de l’heure à laquelle elle se tiendra.

Cordialement,

Nom, Prénom

[ Si vous souhaitez développer les raisons de votre opposition au projet, vous pouvez vous inspirer, en tout ou partie, des points suivants ]

Voici mes remarques et questions :

  1. Genèse du projet

    Comment ce projet est-il né ? Qui en a eu l’idée ? Dans quel cadre ?

S’il faut saluer l’initiative d’ouverture du bâtiment de la Bourse au public, force est de constater qu’il s’agit surtout d’une mise à disposition, sans concertation, d’un espace partiellement occupé, au deuxième étage, par un musée de la bière et, aux étages inférieurs ainsi qu’en terrasse, par de vastes zones, type Horeca, dédiées au commerce de la bière.

Pourquoi n’y a-t-il pas eu une recherche plus approfondie sur la programmation et sur les possibles destinations du bâtiment ?

Pourquoi ne pas avoir associé les citoyens à ce processus afin d’éveiller leur intérêt, d’encourager leur participation, et, au bout du compte, d’emporter leur adhésion ? Depuis l’annonce la réaffectation de la Bourse, plusieurs idées d’alternatives à ce projet monolithique ont d’ailleurs spontanément circulé : Musée du Capitalisme, salle de spectacles, Maison du Peuple, Musée de l’Histoire de l’Immigration en Belgique, Fondation…

Le volume total disponible sur l’ensemble des étages du bâtiment permettrait aisément d’en faire un espace multifonctionnel abritant ces différents projets.

  1. Aspect patrimonial : démolitions et transformations irréversibles

    1. La gaufre géante surmontant le « skybar » :

      Outre son esthétique douteuse, la pose de cet « auvent doré » engendrera des démolitions irréversibles de parties de la toiture, alors que le bâtiment est classé. A noter qu’en raison de sa localisation, la terrasse n’offrira aux visiteurs-consommateurs qu’une vue décevante sur les gaines de ventilations des restaurants et des hôtels voisins, plutôt que sur un réel panorama.

      Pourquoi ce geste architectural clinquant et gratuit ?

    2. Éventrement du soubassement de l’angle Est du bâtiment :

      Alors qu’il existe deux entrées monumentales, le choix s’est porté sur la création d’une troisième ouverture. Celle-ci sera percée dans un des angles du bâtiment au niveau de la rue au Beurre et de la rue Tabora. Le projet prévoit donc la démolition d’une partie de l’édifice et l’aménagement d’une vitrine et d’un escalier, dans le but de mener directement les touristes, venant de la Grand Place et de la rue de Tabora, vers le Beer Temple.

      Quelle sera la prochaine étape ? Un tapis mécanique ?

Dans les documents de la demande de permis, ces transformations, minimisées, sont reprises sous la formule « zones déconstruites pour permettre la réalisation des interventions contemporaines nécessaires à la réaffectation ».

Personne n’est dupe de ce jargon, il s’agit bel et bien de démolitions : je m’y oppose fermement. S’agissant d’un bâtiment classé et situé la zone UNESCO, l’autorisation du percement de cette entrée supplémentaire pose question !

  1. Nuisances sonores engendrées par le bar-terrasse

    Sur le plan des incidences pour les riverains, les documents soumis à l’enquête publique contiennent des affirmations erronées, selon lesquelles les décibels ne s’additionnent pas, avec pour conclusion que le bruit généré par cette terrasse festive se mélangeraient aux bruits des terrasses des cafés existants, sans nuisance supplémentaire.

Il s’agit là d’une affirmation fantaisiste, voire mensongère, sans doute destinée à apaiser les inquiétudes des riverains, mais qui ne repose sur aucune base scientifique sérieuse. En outre, les 1.500 pages de l’enquête publique restent très évasives sur les heures d’ouverture (et donc, de fermeture) du « skybar », sous la gaufre géante.

Les membres de la commission de concertation peuvent-ils apporter des éclaircissements sur ces points ?

  1. Concurrence avec les cafés alentour : est-ce le rôle des pouvoirs publics ?

AB InBev (Jupiler, Leffe,…), principal partenaire privé du projet, est bien connu pour ses bénéfices (énormes) et le peu d’impôts (quelques centaines d’euros) versés en Belgique.

Mais ce géant de la bière a également à son actif la fermeture arbitraire, « pour transformation », de plusieurs cafés bruxellois, populaires et appréciés (le Daric, le Liberty, et aujourd’hui le Coq, à Ixelles, menacé de devoir fermer ses portes fin décembre).

Les raisons invoquées à chaque fermeture sont floues, voire inexistantes, parlant de « nouveau concept attrayant » permettant d’apporter une « contribution supérieure » au quartier. De la pure langue de bois, au mépris de la vie des quartiers concernés et des liens existants, notamment dans ces cafés et grâce à ces cafés où tout le monde se connaît.

Il est particulièrement inquiétant de voir les pouvoirs publics s’associer à de tels partenaires. De plus, s’il devait voir le jour et rencontrer le succès escompté (300.000 à 400.000 visiteurs/consommateurs sont attendus), le Beer Temple représenterait immanquablement une concurrence directe et déloyale envers les cafés existants, une concurrence dont la Ville de Bruxelles serait le fer de lance.

En tant que citoyens, nous attendons des pouvoirs publics qu’ils jouent leur rôle de régulateurs entre intérêts publics et privés, plutôt que de conclure, en aparté, des projets démesurés avec les promoteurs et les investisseurs aux appétits les plus féroces, sans culture et sans états d’âme.

  1. Développement débridé du tourisme de masse dans le centre-ville

    « Nous avons fait le pari d’un Bruxelles qui n’arrête jamais et où il se passe tout le temps des choses. Plus il y a d’événements, mieux c’est! L’idée, c’est qu’il y ait toujours quelque chose à faire à Bruxelles. »

Ainsi s’exprimait Philippe Close, alors Echevin du Tourisme, dans, La Libre du 22 juin 2015 à la veille de l’inauguration de Bruxelles-les-Bains et de l’ouverture du « plus grand piétonnier d’Europe ».

Le projet transformation de la Bourse en Beer Temple, au coeur d’un piétonnier « attractif », s’inscrit dans cette vision du potentiel du centre-ville, une vision à très court terme et sans prise en compte des incidences sur le tissu urbain existant.

Pourquoi avoir choisi un bâtiment comme la Bourse et vouloir concentrer le tourisme dans une micro-zone alors que Bruxelles regorge de Brasseries dans des quartiers à dynamiser ?

Certaines villes européennes ont entamé un processus de réflexion sur le tourisme de masse et ses limites. « Vivre la ville », un réseau d’associations de 50 villes d’Europe, s’est mis en place pour que l’habitabilité en ville ne soit pas mise à mal par un tourisme devenu envahissant.

L’une des principales nuisances constatée et dénoncée, dans ces villes, est celle du tourisme alcoolisé. De ce point de vue, l’affectation d’un monument de notre patrimoine à la bière (essentiellement industrielle) envoie un signal particulièrement malvenu.

« L’idée qu’il faille se battre contre les grandes métropoles européennes sur le marché de la fête est une idée relativement neuve. Elle s’explique par l’émergence ces quinze dernières années d’un nouveau segment de touristes: les «city-breakers», ces touristes qui épuisent une métropole en un week-end. Le développement concomitant des vols low-cost et d’Airbnb a fait chuter considérablement le prix d’un voyage à l’étranger, permettant à un public jeune de multiplier ces courts séjours. »

Après Berlin ou Barcelone, Paris doit-il succomber au tourisme de fête ?

Bonne question ! Et Bruxelles ?

Étrangère aux réflexions de fond en provenance d’autres grandes villes confrontées à ces questions, évasive quant à sa propre réflexion, tout porte à croire qu’elle est prête à « succomber » à son tour, quitte à faire succomber ses habitants d’épuisement…

Or en 2016, Bruxelles-Ville était la seule des 19 communes où le nombre des habitats qui l’ont quittée était supérieur (2.260 ) à ceux qui ont choisi de s’y installer.

Des chiffres interpellants qui devraient inciter la Ville, ainsi que les membres de cette commission de concertation, à s’interroger sur la fonction touristique, si l’on veut éviter que la multiplication de projets (festifs, attractifs, événementiels) actuellement en cours, finisse par étouffer les autres.

Développer un tourisme responsable qui crée des emplois durables, c’est parfaitement possible : ce projet en prend, hélas, le chemin inverse.

 

  1. Néo-Bruxellisation : attention danger !

    Dans un passé récent, les Bruxellois ont déjà payé un lourd tribut, en termes de destruction de leur patrimoine, au nom de la “modernité” et de “l’ambition”. Ils en ont conservé un douloureux souvenir, toujours vivace, tandis que dans les universités du monde entier, cette période est étudiée sous le nom de Bruxellisation et définie comme la « destruction d’une ville en temps de paix ».

    Conjugué à la multiplication des projets de grande envergure, l’agenda politique de la Région fait craindre aux observateurs une nouvelle Bruxellisation :

    • Juin 2017 : tentative de suppression de « l’avis conforme » de la Commission royale des Monuments et Sites, maintenu sous la pression d’une pétition citoyenne, mais quelle est sa véritable marge de manoeuvre ?

    • Septembre 2017 : débat et vote de la réforme du CoBAT, modifié afin de « répondre aux attentes du secteur immobilier qui éprouve de grandes difficultés à développer des projets importants vu la longueur et la complexité des procédures urbanistiques et environnementales »
      (Rudi Vervoort, Le Soir, 25 mars 2016).

      Une « réforme » qui supprimait tout garde-fou face aux appétits des promoteurs et réduirait à néant les voix citoyennes – habitants, comités de quartier, associations – concernées par ces grands projets.

L’enquête publique de la Bourse est l’occasion de réaffirmer notre attachement citoyen à ces outils, garants et marqueurs d’une démocratie digne de ce nom.

Une démocratie que nous devons pouvoir continuer de défendre au coeur de la ville, sur les marches de la Bourse, au même titre que les moments de joie ou de peine partagées, sans avoir pour décor des panneaux, néons et autre matériel promotionnel pour un « Temple de la Bière .

En espérant que ces marches ne soient pas, un « beau » jour, purement et simplement privatisées, au nom de l’ambition, de la modernité, des « réalités économiques » … ou du miroir aux alouettes.

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Sur Facebook
Platform Pentagone –  Sauvons la Bourse Sauvez la Bourse du massacre

 

QUELQUES VISUELS DU PROJET

 




Place Rouppe : La Platform Pentagone rappelle son opposition à tout nouveau parking public dans le centre-ville

Les parkings, Comme Chez Soi dans le Pentagone apaisé ?


Décembre 2014 – Affiche contre le projet de parking souterrain sous la place Rouppe

Alors qu’on pouvait penser les projets de nouveaux parkings publics dans le Pentagone définitivement enterrés, notamment après les déclarations de l’ex bourgmestre Yvan Mayeur en 2016 (faisant suite à l’importante mobilisation citoyenne contre le projet de parking place du Jeu de Balle), voilà que (re)surgit une demande de permis pour un parking de 200 places à l’angle de la place Rouppe et de la rue Van Hellemont.

Ce projet de parking, développé par un promoteur privé (Rouppe Property 1 S.P.R.L.), prendrait place sous des immeubles de logements étudiants qui seraient construits sur une dent creuse du quartier. L’exploitation du parking serait confiée à la société Q-Park, déjà gestionnaire de plusieurs parkings publics à Bruxelles. La grande majorité des emplacements (180 sur 200) serait destinée à une occupation rotative (typiquement à destination des clients des commerces).

La Platform Pentagone s’est, dès sa constitution, opposée aux plan de circulation de la Ville pour le Pentagone ; la création de 4 nouveaux parkings (et l’extension d’un cinquième), alimentés par le miniring, ne pouvant qu’engendrer un trafic automobile insupportable pour les habitants et les commerçants des quartiers situés « aux marges » du piétonnier.

Ces projets de parkings étant d’autant plus absurdes que l’offre de stationnement public dans le Pentagone est surabondante et à mille lieues d’être saturée. Cette situation doit être actée par la Ville de Bruxelles, en collaboration avec l’Agence régionale bruxelloise du stationnement, afin de permettre de confronter les projets de parkings aux objectifs régionaux de limitation du nombre global d’emplacements.

Plusieurs quartiers, principalement à l’ouest du Pentagone, subissent déjà d’importantes nuisances (bruit, pollution) dues à l’accroissement du trafic automobile et de la congestion causé par le plan de circulation de la Ville. Quand on sait l’effet d’aspiration du trafic qu’ont les parkings, les habitants du quartier Rouppe peuvent légitimement craindre pour leur qualité de vie si le projet devait être accepté. Le rapport d’incidences qui accompagne la demande de permis évalue ainsi l’augmentation du trafic à 100 véhicules par heure à la pointe du soir : les habitants des rues de Tournai, Van Hellemont et Philippe de Champagne seraient les plus impactés. Pour les habitants de la rue Philippe de Champagne il s’agirait même d’une « double peine » puisque cette artère a déjà subi une « dépiétonnisation » dans le cadre du plan de circulation…

La Ville de Bruxelles ne peut ignorer les effets néfastes de la création d’emplacements de parkings supplémentaires. Si elle n’est pas officiellement à l’initiative du projet, la Ville le soutient, comme le souligne le rapport d’incidences : « Il n’y a pas de convention liant le Demandeur à la Ville de Bruxelles. La Ville a néanmoins été informée du projet et le soutient. Elle en a tenu compte lors de l’abandon du projet de parking sous la place. » La Ville de Bruxelles voit en effet dans ce projet, développé par un promoteur privé en-dehors de l’espace public, « une alternative au projet de construction d’un parking sous la place qui avait suscité en son temps une vive opposition des riverains en raison des perturbations qui seraient engendrées par son creusement sous un espace public. » (annexe 01 du rapport d’incidences, p. 1).

C’est oublier que l’opposition des riverains et des associations ne se limitait pas aux nuisances du chantier mais aussi, et surtout, aux nuisances d’un trafic automobile « dopé » par la présence d’un parking !

La Platform Pentagone demande donc que ce projet de parking soit refusé par la commission de concertation et que la Ville de Bruxelles élabore un plan de mobilité sans miniring ni nouveau parking, en suivant les procédures : étude des incidences et enquête publique. La mobilité vers et dans le centre-ville (de même que dans l’ensemble de la Région) doit donner la priorité aux piétons, cyclistes et usagers des transports en commun. Construire un nouveau parking (qui plus est à 250m seulement de la station Anneessens desservie par deux lignes de tram très performantes…) irait à l’encontre de cet objectif pourtant inscrit noir sur blanc dans les intentions de la Ville de Bruxelles.

Si l’objectif de la Ville de Bruxelles est bien d’améliorer la qualité de l’air, d’agir pour le renforcement du logement abordable et de la qualité de vie, alors il faut agir avec cohérence.

 

 




Anniversaire du piétonnier : un an de jeu du chat et de la souris entre la Ville et la légalité

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
29 Juin 2016

Het persbericht in het NL

 

Il faut respecter l’Etat de droit (dixit Yvan Mayeur, 16 juin 2016)

Jeudi 16 juin, alors que la Ville, la Région et Beliris s’apprêtaient à annoncer quelques modifications au piétonnier (et le retour des voitures à ses extrémités et rue du Midi), l’auditeur du  Conseil d’Etat a rendu un avis  favorable à la  suspension des permis d’aménagement du piétonnier, recours introduit par des commerçants du centre-ville (en parallèle avec le recours introduit précédemment par l’ARAU, IEB, quatre riverains et une sprl engagée dans le respect du patrimoine, qui, lui, n’est pas suspensif).

L’avis de l’auditeur retient deux « moyens sérieux », susceptibles d’entraîner la suspension des permis.

Cet avis se fonde essentiellement sur le fait que l’aménagement de la zone piétonne repose sur un Plan de circulation encore en phase de test au moment de la délivrance du permis et surtout, sur dix-huit ordonnances de police temporaires, des mesures par définition limitées dans le temps et nullement destinées à être pérennisées sans débat. Le « Plan de circulation » adopté en décembre 2014 par le Conseil communal, à l’origine du piétonnier, ressort également fragilisé du rapport de l’auditeur.

En « retirant » ses permis, ce 28 juin, soit à la vieille des plaidoieries, la Région espère éviter une décision qui entérinerait, noir sur blanc, le caractère illégal du projet. Une manoeuvre de plus qui ne fait que renforcer le malaise autour de la légitimité de ce piétonnier, imposé coûte que coûte.

Les raisons de la contestations : esprit de contradiction ou appel au respect de l’Etat de droit? 

S’appuyant sur l’indéniable « capital sympathie » du principe de piétonnier dans le centre, la Ville de Bruxelles s’est crue autorisée à brûler les étapes légales, d’abord en refusant le débat sur le Plan de circulation, qui n’a été rendu public que tardivement, en l’imposant ensuite en dehors des procédures requises, en évitant enfin de faire réaliser une étude d’incidences qui aurait permis d’éviter de nombreuses failles et faillites…

Ce 29 juin 2016, un an après la fermeture des boulevards du centre à la circulation automobile, le capital sympathie du piétonnier a fondu, la mobilité est loin d’être s’être améliorée et une grande partie du Pentagone souffre du report de circulation vers de nombreuses petites rues. Loin d’être incités à emprunter les transports en commun (dont l’offre a paradoxalement été dégradée), la plupart des automobilistes ont préféré changer de destination plutôt que de modifier leurs habitudes. Une autre culture de la ville ne se décrète pas…

Les positions se sont à ce point crispées que certains souhaitent un retour pur, simple et définitif à la situation d’avant le 29 juin 2015. La Plaftorm Pentagone déplore ce clivage, fruit d’un piétonnier mal pensé par la Ville qui, depuis sa tour d’ivoire, vante la vitrine et méprise les victimes.

La Platform Pentagone, plus que jamais désireuse d’un véritable projet de société pour une ville apaisée, appelle au respect des formes légales dont l’objectif est précisément de concilier les différents intérêts lors de la mise en place d’un projet. A fortirori, un projet de cette envergure, dont il convient de se demander, au vu de l’énergie déployée par les autorités pour contourner les procédures légales, s’il ne relève pas davantage de la spéculation immobilière que d’un sympathique projet de « centre-ville apaisé ».

Faut-il accepter la politique du fait accompli ?

Face à la crainte d’un retour en arrière définitif, certains sont prêts à soutenir “malgré tout” ce piétonnier, dans l’espoir de corriger le tir en cours de route. Or, l’avis de l’auditeur vient nous rappeler que celui-ci est surtout et avant tout illégal. Si le Conseil d’Etat considère le retrait in extremis des permis comme une simple péripétie, cet avis a de fortes chances d’être suivi.

Dans ce dossier délicat, trop souvent réduit à une discussion « pour ou contre », le danger bien réel de précédent ne semble pas préoccuper un grand nombre d’acteurs. Quand nous aurons accepté l’illégalité du piétonnier parce que c’est un projet qui va « dans le bon sens », comment ferons-nous pour contester par la suite un autre  projet qui irait dans le mauvais sens ?

D’autres dossiers en cours à la Ville de Bruxelles, mais aussi au niveau régional, démontrent à quel point le bras de fer entre « passage en force et « respect des procédures » risque de faire replonger tout le territoire bruxellois dans un urbanisme du « fait accompli », que nous avons mis tant d’années à dépasser, et à renforcer le rejet de la classe politique par la population.

Débat citoyen, projet serein

La Platform Pentagone appelle une nouvelle fois la Ville de Bruxelles à repartir sur des bases saines, étayées par une étude d’incidences approfondie et soutenue pas un processus de concertation (à ne pas confondre avec une succession d’apartés) synonyme d’un véritable débat public, citoyen, adulte et serein. Il faut objectiver et résoudre les problèmes, en particulier ceux qui sont rencontrés par les riverains et les commerçants aux abords du piétonnier.

La Charte de la Plateform Pentagone reprend les critères phare d’un projet commun tourné vers l’avenir. Ces critères inclusifs sont réaffirmés dans la pétition de la Platform Pentagone qui a recueilli (en ligne et sur papier) plus de 7.000 signatures.

D’autres modèles de piétonniers sont possibles : les suggestions de la Platform Pentagone

Miroboly_Mai2016




Verjaardag van de voetgangerszone: een jaar spel van kat en muis tussen de Stad en de wettigheid

PERSBERICHT
29 Juni 2016

Le communiqué en FR

De rechtstaat dient gerespecteerd te worden (dixit Yvan Mayeur, 16 juni 2016)

Op 16 juni, toen de Stad, het Gewest en Beliris op het punt stonden om enkele wijzigingen aan de voetgangerszone aan te kondigen, onder meer de terugkeer van voertuigen aan de uiteinden ervan en aan de Zuidstraat, kwam de auditeur van de Raad van State roet in het eten gooien. Hij gaf een positief advies over de vraag om de vergunning, toegekend voor de aanleg van de voetgangerszone, op te schorten. Het beroep tegen deze vergunning werd ingediend door de handelaars van het stadscentrum. Dit beroep werd voorafgegaan door een ingediend door ARAU, IEB, vier bewoners van de stad en een bvba die het respect van het patrimonium nastreeft. Maar dit laatste beroep is niet opschortend.

Het advies van de auditeur houdt twee ‘ernstige zaken’ in die het mogelijk maakt om de vergunning op te schorten.

Het advies is voornamelijk gebaseerd op het feit dat de aanleg van de voetgangerszone, op het moment van de toekenning van de vergunning, berustte op een Circulatieplan dat zich nog in een testfase bevond en, wat erger is, berustte op achttien voorlopige politieverordeningen. Maatregelen die per definitie beperkt zijn in tijd en niet getroffen zijn om zomaar zonder discussie aanvaard te worden. Het auditeursverslag heeft het ‘Circulatieplan’, dat in december 2014 door de gemeenteraad is aanvaard en dat als basis diende voor de aanleg van de voetgangerszone, ook zwakker (lees: aanvechtbaarder) gemaakt.

Door het intrekken van de vergunningen op 28 juni, dit is aan de vooravond van de pleidooien bij de Raad van State, hoopt het Brussels Gewest te voorkomen dat een beslissing het illegaal karakter van het project zou bekrachtigen. Een zoveelste zet die de malaise rondom de wettigheid van deze opgedrongen voetgangerszone enkel maar bevestigt.

Het waarom van de protestbeweging: tegenspraakdrift of roep naar respect van de rechtstaat ?

De stad Brussel heeft zich veroorloofd, zich baserend op de onbetwistbare sympathie die initieel uitging van een voetgangerszone in het stadscentrum, om enkele (wettelijke) stappen over slaan. Vooreerst door het overleg te weigeren over het Circulatieplan, dat trouwens pas zeer laat bekend is gemaakt. Vervolgens door vereiste procedures over te slaan. En ten slotte door een noodzakelijke effectenstudie te ontwijken, waardoor vele tekortkomingen hadden kunnen vermeden worden.

We zijn nu bij 29 juni 2016 aanbeland, een jaar na de afsluiting van de Centrale lanen voor het autoverkeer, en de onbetwistbare sympathie voor de voetgangerszone is gesmolten als sneeuw voor de zon. Het mobiliteitsprobleem is verre van opgelost en een groot gedeelte van de Vijfhoek lijdt onder de verplaatsing van de verkeersdrukte naar de smalle straten rondom deze zone. Vele automobilisten hebben verkozen om het stadscentrum te vermijden in plaats van hun gewoontes aan te passen, door bijvoorbeeld gebruik te maken van het openbaar vervoer, dat paradoxaal genoeg wel gekortwiekt is geweest. Een andere manier van handelen, van leven, kun je nu eenmaal niet opleggen.

De zaken zijn intussen zodanig uit de hand gelopen dat sommigen zelfs wensen om (definitief) terug te keren naar de toestand van vóór 29 juni 2015. Platform Pentagone betreurt deze tegenstelling. Het resultaat van een slecht bedachte voetgangerszone door de stad, die vanuit haar ivoren toren, fier is op haar verwezenlijkingen maar geen oog heeft voor de nare gevolgen ervan.

Het Platform Pentagone roept op dat de wettelijke normen worden toepast, dat nu net beoogt om tegenstrijdige belangen met elkaar te verzoenen, zeker in verband met dit mastodontproject. Het Platform is meer dan ooit voorstander van een echt maatschappelijk project dat mensen dichter bij elkaar brengt. Wij vragen ons trouwens af of de middelen, die de gezagsdragers zich met man en macht toeëigenen om de wettelijke procedures te omzeilen, niet horen bij vastgoedspeculatie eerder dan bij een sympatiek project voor het stadscentrum.

Moeten wij een politiek van het ‘voldongen feit’ aanvaarden ?

Omdat sommige mensen een terugkeer naar vroeger vrezen, zijn zij toch bereid om, ondanks alles, toch deze voetgangerszone te aanvaarden, in de hoop er nadien nog iets degelijks van te maken. Maar het advies van de adviseur doet ons eraan herinneren dat de stedenbouwkundige vergunning bovenal onwettig is. Indien de Raad van State de, op het nippertje, teruggetrokken vergunning als een futiele wending beschouwt, dan heeft dit advies een goede kans om gevolgd te worden.

In dit delicaat dossier, dat teveel teruggebracht wordt tot een discussie ‘voor of tegen’, schuilt het gevaar erin dat dit een precedent schept. Vele actoren schijnen zich daar niet van bewust te zijn of maken zich daarover geen zorgen. Als wij deze illegale situatie aanvaarden omdat we denken dat die ‘de goede richting’ uitgaat, hoe kunnen we dan vervolgens nog reageren op een projet dat ‘de slechte richting’ uitgaat ?

Indien de Raad van State het advies van de auditeur bevestigt en onze politieke vertegenwoordigers dit zouden negeren, dan zou dit betekenen dat zij een groot deel van de regionale reglementsomkadering, die gedurende 40 jaar door de molen van het publiek debat is gedraaid, zonder reden naast zich neer zouden leggen.

Het schipperen, bij andere Brusselse stedelijke en regionale dossiers, tussen ‘zaken forceren’ en ‘procedures respecteren’ zorgen ervoor dat wij stilaan neigen naar een stedenbouw van het ‘voldongen feit’, iets waartegen wij al jaren strijden. Dit versterkt tevens de afschuw van de bevolking tegenover de politieke klasse.

Burgerlijk debat, sereen project

Het Platform Pentagone vraagt wederom dat de stad Brussel (her)start op een gezonde basis, ondersteund door een grondige effectenstudie en een echt sereen volwassen publiek debat (niet te verwarren met enkele onderonsjes). Problemen van, vooral, bewoners en handelaars rond de voetgangerszone, moeten op een objectieve manier opgelost worden.

Het Handvest van Platform Pentagone herneemt de belangrijkste criteria van een toekomstgericht gemeenschappelijk project. Deze criteria worden hernomen in de petitie van het Platform Pentagone, dat tot op heden meer dan 7.000 handtekeningen telt.

Andere voorbeelden van voetgangerszone zijn mogelijk: http://www.platformpentagone.be/scenarios/




De quoi la revitalisation du centre-ville est-elle le nom ?

Alors que le piétonnier du centre-ville et le projet de « redéploiement des boulevards du centre », mettent à mal de nombreux commerces existants, et que les récents événements ont accentué cette spirale, du côté des gros investisseurs, l’heure est à l’optimisme. Un récent article nous vante le nouveau centre commercial qui verra le jour à la place de l’actuel Centre Monnaie.

Devant cette apparente contradiction, il n’est pas inutile de s’en référer à l’exemple d’autres villes qui ont vu s’installer, en plein coeur de la cité, de grands complexes commerciaux. Le documentaire Mainmise sur les villes, diffusé il y a quelques mois sur Arte, est consacré à ce sujet.

Mainmise

« Ces dernières années, partout en Europe, des milliers d’habitants sont descendus dans la rue pour remettre en cause la représentation politique, mais aussi défendre le droit à l’espace urbain. (…)
L’installation d’un Ikea dans le centre-ville de Hambourg ou la construction d’un gigantesque centre commercial, portée par Auchan pour le projet du Grand Paris, arrangent les pouvoirs publics, qui n’ont plus les moyens d’investir dans l’espace urbain. Ces exemples charrient leur lot d’interrogations sur l’état de la démocratie urbaine aujourd’hui : comment la ville se transforme-t-elle et quelle place y occupent les citoyens ? Les habitants ont-ils leur mot à dire face aux technocrates, politiques, urbanistes et promoteurs qui façonnent les métropoles ? Les pouvoirs publics sont-ils toujours garants d’une ville ouverte et accessible ? »
Source Arte
Voir le documentaire

A Bruxelles, plusieurs grands projets commerciaux du centre sont à mettre au compte d’AG Real Estate (actionnaire à 51% d’Interparking), qui possède un nombre considérable d’immeubles dans le centre-ville. Cette société s’apprête à construire un grand centre commercial dans le centre Monnaie. Quant à Interparking, le Centre 58 remplacera le parking 58 et abritera les nouveaux locaux de l’administration de la Ville de Bruxelles.

L’ancien patron d’Interparking, aujourd’hui CEO d’AG Real Estate, déclarait en 2013, dans un article du Trends intitulé « Nous avons un milliard d’euros à investir »  :

Il y a un besoin urgent de concertation entre acteurs publics et privés bruxellois. On peut le faire de manière programmée et structurée, dans le cadre de PPP (partenariat public-privé) ou de procédures de permis classiques. Mais on doit également provoquer cette concertation de manière plus informelle et récurrente. C’est une nécessité aujourd’hui et le Mipim (NDLR: Salon international de l’Immobilier) est un lieu privilégié pour susciter ces rencontres et pour convaincre nos responsables politiques du dynamisme des régions ou d’entités locales forcément concurrentes, qui ont le développement économique pour priorité quasi absolue.

Une « concertation » qu’on attend toujours, du côté des habitants et des commerçants du centre-ville…

Quelques mois plus tard, en octobre 2013, AG Real Estate annonçait son projet de centre commercial situé place de la Monnaie :

« Ce projet s’inscrit dans la politique urbaine de revitalisation et de mise en valeur du centre-ville voulue par la ville de Bruxelles (…) Le nombre d’enseignes après rénovation se situera entre 5 et 12, suivant la présence ou non d’un department store (NDLR : grand magasin multispécialiste exploité par une société commerciale unique), totalisant 15.000 m² de surfaces à louer. Le projet cible des enseignes moyennes à moyennes haut de gamme, qui correspondent à une clientèle mixte citadine et touristique. Il privilégie des enseignes qui ne sont pas encore présentes sur le marché.»

Entre 5 et 12 enseignes : les petits commerces sont à l’honneur. Il est vrai que la Ville n’a jamais caché sa volonté de faire venir de grandes enseignes sur le piétonnier… tout en se voulant rassurante lorsqu’elle affirme pouvoir garder le contrôle du développement commercial de nombreuses cellules dans le périmètre du piétonnier, grâce à la Régie foncière.

Pourtant, autre projet, « Crystal City », annoncé en décembre 2015, illustre exactement l’inverse, puisque la Régie cèdera ces bâtiments, par bail emphytéotique, à un développeur privé, perdant de fait le contrôle sur le développement commercial à venir…

Le Daric et le Liberty, un cas d’école

Exactement comme cela s’était passé avec les cafés Daric et le Liberty, Place de la Liberté, qui  furent chassés en automne dernier par la multinationale AB Inbev, dont le projet est de fusionner les deux cellules et d’y installer une grande brasserie.

« Une analyse a été opérée en vue de l’expiration des contrats avec ces deux clients et a conduit à la conclusion que ces points de vente stratégiquement localisés méritaient la mise en œuvre d’un concept aussi innovant que performant en concordance avec les aspirations de la clientèle ».

Propriétaire des immeubles, la Régie foncière de la Ville n’a pas bronché et s’est bornée à confirmer une convention de gestion commerciale avec AB Inbev. « C’est donc eux qui se chargent de gérer les baux avec les exploitants, indique-t-on au cabinet de l’échevin Ouriaghli. »

Rideau sur deux cafés qui faisaient les beaux jours de la Place de la Liberté et avant-goût de ce qui pourrait bien arriver sur le piétonnier… à cette différence près que la convention passée avec AB Inbev n’est « que » de 15 ans alors que, dans le cadre du projet Crystal City, la Ville n’a pas hésité à céder ses bâtiments au promoteur chargé de sa « réhabilitation » en signant avec lui un bail emphytéotique. Si la durée exacte n’est pas précisée, on sait que ce type de bail est toujours de très longue durée, de l’ordre, le plus souvent, de plusieurs décennies.

Le piétonnier, « projet de société » ou projet de sociétés privées ?

Sur la base de tous ces éléments, on est en droit de se demander ce que cache réellement ce projet de « revitalisation et de mise en valeur du centre-ville », dont le fer de lance est le piétonnier. Sans compter ce que suppose, en termes de privatisation de l’espace public, la mutation d’un centre-ville en espace situé aux abords d’un grand centre commercial, aménagé par lui et surveillé par ses gardes privés.

Et les habitants, dans tout ça ?

Se pose également la question de l’impact sur l’évolution de l’habitat et du droit au logement. A Bruxelles, la Régie foncière est en effet propriétaire de nombreux immeubles de logements, en particulier des boulevards du centre, au-dessus des commerces. Lors du conseil communal du 25 avril dernier, Marion Lesmesre rappelait que :

« Des logements de qualité qui vont attirer des catégories de personnes permettant de mieux mixer ce centre-ville du point de vue socio-économique. »

Une variante de cette autre formule qui lui est chère : « faire venir au centre des personnes à meilleures capacité contributive… »

A moyen/long terme, donc : moins de pauvres, plus de riches. Si les pauvres deviennent moins pauvres, il y a lieu de s’en réjouir. En revanche, si le but est de les repousser plus loin, sous le tapis, tout comme le plan de circulation repousse plus loin le trafic du boulevard, difficile d’adhérer à un projet qui fera davantage d’exclus dans une société qui, hélas, n’en manque pas. Des exclus de leur propre quartier, de leurs racines, de leurs habitudes, à l’image de ces usagers de la STIB, par lesquels de nombreuses personnes âgées, qui, jusqu’au 29 juin, se rendaient au centre-ville dans l’une des lignes de bus repoussées aujourd’hui loin du piétonnier.

Pour couper court à ce qui, peut-être, ne sont que des craintes infondées, il suffirait à la Ville de Bruxelles, via la Régie foncière, de bloquer les loyers pour les années à venir, durant toute cette phase de « revitalisation » et une fois achevés les chantiers colossaux qui s’y préparent (piétonnier, Centre Monnaie, Parking 58) et qui auront inévitablement des répercussions sur la vie économie et sociale du centre-ville.

Se contenter de dire que tels ou tels projets ont des impacts économiques favorables pour les uns et néfastes pour les autres, ou qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, tantôt chez les habitants, tantôt chez les commerçants, ne suffira probablement plus à calmer les esprits.

 ABinbev




Piétonnier du centre : Remettre les boeufs avant la charrue!

A l’heure où le débat s’enflamme, la Platform Pentagone ose encore croire qu’un retour au bon sens et au respect
de la légalité reste possible…

Echo2

Dans ce dossier aux allures de saga, les nombreux appels au dialogue et les signaux d’alerte sont, jusqu’ici, restés vains : l’absence d’études d’incidences, pour définir le projet en amont, et celle d’un véritable processus de concertation jugés d’emblée inutiles par la Ville de Bruxelles, lui vaut aujourd’hui de devoir faire face à une fronde croissante. Souvent désordonnée et pas toujours lisible dans ses objectifs, cette bronca révèle cependant l’ampleur des dégâts déjà profonds de ce projet bâclé, imposé aux forceps, aussi bien dans le cœur des Bruxellois que dans les poumons de ceux qui vivent ou travaillent autour du piétonnier.

Bien qu’opposée à la méthodologie peu transparente de la Ville et au modèle de piétonnier choisi, la Platform Pentagone a toujours soutenu la réduction de la pression automobile et l’amélioration du cadre de vie dans l’ensemble du centre-ville.

La Platform Pentagone réclame à la Ville de Bruxelles, depuis plus d’un an, une réelle concertation sur les fondements et enjeux du projet de piétonnier ; en vain… C’est pourquoi, dans la continuité du recours introduit en février 2015 contre le Plan de circulation du Pentagone (qui induit le projet de réaménagement des boulevards), des associations et habitants du centre-ville, membres de la Platform Pentagone, ont décidé d’introduire un nouveau recours devant le Conseil d’État contre le permis d’urbanisme relatif à l’aménagement du piétonnier pour réclamer l’analyse de scénarios alternatifs, conformément au droit européen.  

Étudier les incidences d’un projet d’une telle ampleur urbanistique est indispensable à son élaboration et conditionne sa réussite.

Cela permet de définir précisément et préalablement les enjeux et objectifs du projet et de construire et évaluer, en fonction de ces derniers, différents scénarios pour n’en retenir que le plus pertinent. Le débat public sur l’opportunité du projet choisi en ressortirait plus serein, les opinions moins binaires et davantage fondées sur l’argumentation que sur les émotions, les décisions, plus pertinentes. La situation actuelle, hélas, n’engendre que clivages et crispations : les citoyens bruxellois méritent mieux !

Au lieu de suivre cette méthodologie, la Ville opère un détricotage du projet au profit des voitures et au détriment de la santé.

La Ville de Bruxelles a cru bon de faire l’impasse (illégalement) sur l’étape essentielle de l’analyse comparative de scénarios. Les mesures erratiques, prises face à l’accumulation d’effets pervers de son plan mal pensé, déplacent les problèmes mais n’améliorent pas la qualité de l’air et le cadre de vie autour du piétonnier.

À son chevet, la Région l’assiste par une campagne médiatique d’un autre âge, vantant l’accès du centre-ville en voiture, carte des parkings à l’appui (14.574 places dans le Pentagone).

« Sur le piétonnier, l’air est plus pur » aurait dit La Palice…

Mais le paradoxe de ce piétonnier et de ses conséquences, c’est que malgré la diminution incontestable du nombre total de véhicules dans le Pentagone, de nombreuses petites rues autour du piétonnier, dans la partie Ouest surtout, sont littéralement et régulièrement congestionnées.

Pourtant, jusqu’ici, l’unique priorité de la Ville, par le biais de Bruxelles-Environnement, a été de procéder à des mesures de qualité de l’air sur le piétonnier lui-même et d’en étendre les conclusions, assez malhonnêtement, à l’ensemble du Pentagone.
Il faut le rappeler, la pollution par le trafic pourrait être responsable de 2400 décès par an dans notre pays. L’enthousiasme, compréhensible et de bonne foi, de défenseurs de ce méga-piétonnier, ne peut primer sur le danger auquel sont d’ores et déjà exposés, depuis des mois, les habitants des quartiers situés tout autour.

La Platform demande à la Ville/Région/Bruxelles-Environnement que des mesures de la qualité de l’air soient réalisées d’urgence dans les rues et quartiers autour du piétonnier : c’est une question de santé publique !

En conclusion

Il faut revoir le projet dans ses fondements, pour lui conférer des bases urbanistiques et juridiques  solides et favoriser, démocratiquement, une adhésion au projet. C’est seulement à cette condition qu’un projet véritablement fédérateur pourra se développer et répondre aux attentes des habitants, travailleurs, commerçants et autres usagers qui, tous, souhaitent l’amélioration de la qualité de vie dans le centre-ville.

Ce n’est qu’en suivant les règles que l’on pourra sortir de l’impasse dans laquelle ce piétonnier s’est fourvoyé et qu’un aménagement futur ne suffira pas à sauver : la plus belle décoration intérieure d’une maison ne l’empêchera pas de s’effondrer si elle est construite sans fondations, ni poutres, ni charpente…

 

Dans le cadre d’un étude d’incidences,
les scenarios suivants pourraient être étudiés

  1. Une piétonisation mieux partagée

    Le principe de 50 ha de zones piétonnes, mais plus modestes, plus conviviales, réparties sur de petites places et rues de l’ensemble du Pentagone, plutôt que les boulevards centraux (scenario « no car » du bureau Secchi-Vigano publié par la région dans
    Bruxelles 2040, trois visions pour une métropole). Ce scénario aurait, en outre, l’avantage de réduire considérablement les coûts du projet.

  2. Scenario « trafic limité »

    Mise en place d’une « zone à trafic limité » dans tout le pentagone (accès réservé aux riverains, jeu sur la temporalité des accès), modèle de plus en plus repris en Italie et en France à la faveur des habitants.

  3. Scenario « espace partagé »

    Un espace partagé permettrait de donner la priorité non seulement aux piétons mais aussi aux cyclistes et aux transports en commun. Dans tous les cas, un projet de réaménagement du centre-ville ne peut faire l’économie, comme la Ville l’a fait arbitrairement, de la coopération avec la STIB et la Région en vue du renforcement de l’offre de transports en commun de surface, plus visible et confortable que le souterrain et, par exemple, l’étude d’une ligne de tram en surface

  4. Scenario « Plan communal de mobilité (PCM) bis ».

    Beaucoup l’ignorent mais la Ville a élaboré en 2009-2011 un Plan communal de mobilité qui comprenait des études sérieusement menées. La moindre des choses dans le cadre de la continuité administrative, du respect de l’administration, du public et des bureaux d’études concernés, serait de repartir de ce plan. La partie relative au Pentagone était basée sur une série de boucles de dessertes visant à évacuer le trafic de transit de l’hyper-centre et à favoriser l’habitat.

  5. Scenario Plan Nomo bis

    Ce scenario, largement soutenu par les associaitions et les spécialistes de la mobilité comprenait globalement moins de voitures (objectif 50%) par l’application du Plan Nomo de 2000.

  6. Scenario actuel
    Situation prévue par le projet de la Ville et actuellement en « phase-test » : piétonnier depuis De Brouckère jusqu’à la place Fontainas.

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Le piétonnier le plus paradoxal d’Europe

PLATFORM PENTAGONE – COMMUNIQUÉ DE PRESSE 

Ce 29 février, au terme de la phase-test du plan de circulation, les indicateurs retenus par la Ville de Bruxelles pour son évaluation restent inconnus du public. Les modifications partielles intervenues ne sont pas autrement motivées.

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Le chaos redouté n’a pas eu lieu… mais qui vient encore dans le centre-ville ?

En décidant délibérément de se passer d’études d’incidences et de concertation avec les citoyens, la Ville Bruxelles pensait pouvoir imposer un changement dans les comportements des usagers du centre-ville. En dépit de la promesse de parkings supplémentaires pour accéder au plus près du piétonnier, cette manière de procéder à la hussarde aura surtout fait l’effet d’un épouvantail pour bon nombre d’automobilistes qui ont préféré changer de destination plutôt que de changer de moyen de transport. Il est vrai que l’insuffisance de parkings de délestage à l’entrée de Bruxelles conjuguée avec la régression de l’offre de transports en commun vers le centre ne les ont pas encouragés à modifier leurs habitudes.

Globalement moins de voitures, mais davantage de nuisances dans de petites rues

La volonté politique affirmée de diminuer la circulation dans le Pentagone sans gestion adéquate de la signalisation pour préserver le trafic de destination est à l’origine de la baisse du chiffre d’affaires dont se plaignent de nombreux commerçants.

Le report du trafic des boulevards centraux, larges et aérés, vers de petites rues latérales, sinueuses, étroites et rapidement saturées, d’où les gaz d’échappements peinent à s’évacuer, a considérablement dégradé la qualité de vie des riverains et usagers d’un nombre non négligeables de ces rues, essentiellement dans l’Ouest du Pentagone. L’unique station de mesure de la qualité de l’air dans le Pentagone est située à Sainte Catherine (Quai aux Briques). Impossible donc de chiffrer le niveau de pollution de ces rues, d’autant que cette station n’est pas équipée pour mesurer les particules fines.

Multiplication des opérations commerciales et festives
en partenariat avec les sociétés de parkings

Face à ce constat, la Ville est aujourd’hui placée devant le double paradoxe à la fois de tenter de ramener des automobilistes vers le piétonnier et de prendre ainsi le risque d’aggraver un peu plus le trafic des poches de circulation qu’elle a elle-même créées dans les rues latérales et dont elle ne cesse de modifier le tracé. Modifications qui ne font que renforcer le sentiment d’amateurisme et d’improvisation qui se dégage de l’ensemble du projet.

Fin du test ?

Amateurisme, encore ? La Ville détricote son plan de circulation place De Brouckère, boulevard Lemonnier, rue du Midi, à Saint-Géry, toujours sans étude préalable…  Situation exemplative parmi d’autres , dans les quartiers avoisinants : la place du Jardin aux Fleurs devenue semi-piétonne depuis plusieurs années, pour le plus grands bénéfice des riverains, des commerçants et des  écoles situées à proximité. Mais le plan de circulation lié au  plus grand piétonnier d’Europe a rouvert la place au trafic de transit. Pire, les changements à venir, pour tenter de limiter les conséquences néfastes du plan de circulation dans des rues voisines, font craindre aux riverains qu’elle devienne un danger permanent pour leurs enfants. Amateurisme… ou inconscience?

Fin de la saga des parkings supplémentaires ?

Amateurisme toujours? Dix-huit mois après les annonces tonitruantes de parkings jugés « nécessaires », d’appels d’offres tous azimuts, de tergiversations sur l’emplacement du parking des Marolles, aujourd’hui à la Ville, c’est le silence radio. Aux dernières nouvelles, les sociétés de parkings auraient poliment décliné. Une étude d’incidences bien menée aurait épargné tout ce gâchis et probablement conclu qu’avec 8.500 emplacements de parkings publics dans le Pentagone (14.000 en comptant ceux situés sur la petite ceinture), il n’y avait nul besoin d’en construire davantage et qu’il vaudrait mieux mettre (enfin) en place un système de télé-jalonnement, comme cela se fait à peu près dans toutes les grandes villes…

Fin des illusions ?

En annonçant son projet de « plus grand piétonnier d’Europe », la Ville avait parlé de « projet de société » et de « révolution des mentalités ». Dans sa grande majorité, la société civile demande également du changements en faveur d’une cité agréable à vivre pour tous à commencer par ses habitants. Mais la classe politique bruxelloise dans son ensemble, en se bornant à courir derrière des standards internationaux d’une ville formatée pour le tourisme, ne fait qu’entretenir l’illusion déjà dépassée selon laquelle un piétonnier conçu comme une simple zone « attractive » pour le touriste ou accessible aux visiteurs extérieurs, de préférence motorisés, améliorerait la qualité de vie de ses électeurs.

A quand  « a place to live » plutôt que « the place to be » ?

Face à ces déconvenues à répétition, la Platform Pentagone rappelle et revendique la mise en oeuvre d’un réseau de piétonniers adapté prioritairement aux réalités endogènes de Bruxelles, implanté de manière judicieuse dans le tissu urbain, respectueux de l’environnement social, culturel et économique du territoire, comme proposé, par exemple, par le bureau d’études Secchi-Vigano à la région en 2012. La diminution de la pression automobile ne peut se faire que si elle profite à tous. Le « plus grand piétonnier d’Europe », conçu à l’emporte-pièce de manière autoritaire et sans véritable concertation, ne rencontre malheureusement pas les objectifs pourtant partagés par les membres de la Platform et par de nombreux Bruxellois.

Un nouveau projet doit émerger en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés, en s’appuyant sur des objectifs partagés, des études objectives étayées par des données transparentes et publiques et une méthodologie claire.

D’autres scénarios sont possibles : dans son communiqué du 25 janvier 2016, la Platform lançait des pistes de réflexion en ce sens.

Yvan Mayeur clame sur les réseaux sociaux que la Ville se mobilise pour la rénovation des tunnels pour permettre l’accessibilité au centre habité en voiture. Dans le même temps, il impose un concentré de 50 hectares sans voiture aux conséquences asphyxiantes pour les habitants et les commerçants : quel paradoxe!


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Piétonnier du centre : Modifications à répétition, aveu d’inconséquence de la Ville de Bruxelles

COMMUNIQUÉ DE PRESSE du 25 JANVIER 2016

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La Ville de Bruxelles a récemment annoncé une série d’importants changements concernant le piétonnier des boulevards du centre, principalement dans le domaine de la mobilité mais aussi dans la méthode d’élaboration d’une « nouvelle identité commerciale ».

Mobilité

La Ville avait cru pouvoir se passer de concertation avec les citoyens et d’études d’incidences, pourtant requises par les droits bruxellois et européen

Les improvisations et les détricotages de son propre plan, auxquels nous assistons depuis plusieurs semaines, prouvent à l’évidence que ce projet ne tient pas la route.

Ces changements significatifs interviennent alors que la phase-test du plan de circulation est toujours en cours et qu’aucun résultat quant à son évaluation n’a été communiqué.

La Platform Pentagone s’interroge : ces modifications s’inscrivent-elles dans un plan d’ensemble visant à servir l’intérêt général ? Ou répondent-elles aux intérêts particuliers de certains commerçants ou d’habitants, parvenus à se faire entendre en-dehors des processus de concertation, par ailleurs inexistants ? Quels sont les critères d’évaluation qui ont été mobilisés pour aboutir à ces modifications ? Quelle est la méthodologie appliquée ?

La transparence, la rigueur et l’analyse scientifiques, ce ne sera donc pas encore pour cette fois… Sans parler du débat public autour de différents scénarios possibles que la Ville de Bruxelles aurait du organiser à un stade précoce du projet, quand plusieurs options étaient encore sur la table, alors que la Convention d’Aarhus l’y oblige pourtant.

Différents scénarios d’une étude d’incidences qui pourraient, par exemple, être les suivants :

  • 0 : Non-réalisation du projet (situation d’avant le 29-06-2015), les boulevards restent ouverts aux voitures

  • 1 : Seule la place de la Bourse est mise en piétonnier en guise de « verrou » afin de décourager le trafic de transit

  • 2 : Mise en piétonnier à certaines heures, ou certaines périodes (dimanches ou week end, vacances).

  • 3 : Garder le principe de 50ha de zones piétonnes, mais plus modestes, plus conviviales, réparties sur de petites places et rues de l’ensemble du Pentagone, plutôt que les boulevards centraux (scénario « no car » du bureau Secchi-Vigano publié dans Bruxelles 2040, trois visions pour une métropole)

  • 4 : Plan communal de mobilité (PCM) 2009-2011, basé sur une série de boucles de dessertes visant à évacuer le trafic de transit de l’hyper-centre

  • 5 : Globalement moins de voitures (objectif 50%) par l’application du Plan Nomo de 2000

  • 6 : Situation prévue par le projet de la Ville et actuellement en « phase-test » ; piétonnier depuis De Brouckère jusqu’à la place Fontainas

Autant de scénarios qui ne sont viables (si le but est vraiment de libérer autant que possible le centre-ville de la voiture) que s’ils s’accompagnent d’un renforcement des transports publics et de l’offre de parkings de dissuasion à l’entrée de la Région, et non pas aux abords immédiats du piétonnier, comme la Ville projette de le faire. Faute de quoi la congestion et ses nuisances persisteront…

Transports en commun

La Ville de Bruxelles annonce avoir demandé à la STIB des adaptations de certaines lignes de bus. La STIB semble désapprouver la méthode de la Ville consistant à procéder dans l’improvisation et le « bricolage » puisqu’elle a répondu (dans la presse) qu’elle « ne fera pas de commentaire avant d’avoir une vision globale de la mobilité dans et autour du piétonnier » et que « Plutôt que d’apporter des petites modifications ponctuelles, on préfère attendre la fin de la période d’évaluation. »

La Platform Pentagone a déjà maintes fois déploré la régression de l’offre de transports en commun depuis la mise en piétonnier des boulevards centraux et espère que cette période d’essai se soldera, au minimum, par le rétablissement de toutes les lignes de bus (38, 46, 47, 48, 63, 86, 88 et 95) dont les terminus ont été éloignés du centre-ville, de plusieurs arrêts parfois, augmentant les temps de parcours des usagers et décourageant les utilisateurs les plus faibles (personnes âgées, à mobilité réduite, adultes avec de jeunes enfants,…).

Rapport d’incidences : une astuce pour éluder une étude plus complète?

Signalons également l’intention de la Ville de Bruxelles de réaliser un rapport d’incidences sur le plan de circulation, admettant une fois de plus à son corps défendant, la nécessité d’étudier les choses plus avant. Néanmoins, cet outil ne portera que sur le plan de circulation et sera donc beaucoup plus succinct qu’une étude globale consacrée à l’ensemble des domaines impactés par les projets de la Ville. En outre, un rapport d’incidences est loin d’apporter les garanties d’indépendance d’une étude d’incidences, puisque la Ville de Bruxelles sera juge et partie.

Identité commerciale : une page à (ré)écrire à plusieurs mains ?

En matière de développement commercial, la Ville de Bruxelles n’a que très récemment renoncé à faire cavalier seul en acceptant de collaborer avec l’agence régionale du commerce Atrium. Jusqu’à aujourd’hui, la Ville de Bruxelles avait toujours refusé l’aide proposée par Atrium, préférant confier l’élaboration d’un schéma de développement commercial pour le Pentagone à un bureau privé (Geoconsulting) et faire appel à deux autres sociétés (City Tools et Devimo) pour développer un schéma de développement commercial pour le piétonnier. S’il on peut saluer ce changement d’attitude, reste encore à faire la clarté sur l’objectif de la Ville sur le plan commercial : un aspect qui doit être analysé dans le volet socio-économique d’une étude d’incidences.

En conclusion…

La Ville de Bruxelles essaie tant bien que mal de sauver son piétonnier en mettant en œuvre des modifications improvisées, conséquences de l’imprévoyance et de la précipitation qui ont présidé à l’élaboration du projet. La Ville a cru possible de passer en force et, selon elle, « en simplifiant les choses » par un piétonnier central. La voilà empêtrée dans une série de rafistolages, dans l’espoir, surtout, de calmer la fronde croissante de commerçants inquiets ou lésés, de plus en plus nombreux.

Ce faisant, elle complique tout, colmatant ici, créant d’autres brèches ailleurs. Plus personne n’y comprend rien, les habitants des abords du piétonnier respirent toujours aussi mal tandis que ceux de la Bourse ne trouvent plus le sommeil

La Ville de Bruxelles s’accroche à son projet de « plus grand piétonnier d’Europe » dont elle se persuade qu’il attirera massivement le tourisme… mais reste désespérément sourde aux appels à l’aide de ses habitants.

Pourtant, si la Ville ne s’est jamais cachée d’avoir outrepassé volontairement les procédures légales « qui sont une vraie partie de plaisir », il se pourrait qu’un jour, suite au recours déposé en janvier 2015 par la Platform Pentagone, elle se voie rappeler à l’ordre par le Conseil d’Etat, tant sur l’absence d’étude d’incidences que sur le manque de concertation avec les habitants, au stade où plusieurs options sont encore sur la table.

Il lui faudra bien, alors, envisager ces différents scénarios et surtout, accepter d’en débattre publiquement et dans les règles, avec l’ensemble des intéressés, ce qu’elle a toujours refusé de faire jusqu’ici… pour « aller plus vite » !